Avant 2008, c’était l’âge d’or. Avec la crise qui a frappé les économies mondiales à partir de cette année-là, à Gênes comme partout ailleurs, les retombées ont été importantes. En 2007, un an avant le crack de la banque Lehman Brothers, le volume de trafic de conteneurs de Gênes avait frôlé la barre des 18 Mt. Un an plus tard, l’autorité portuaire a noté une baisse de 5,1 %, et l’année suivante de 14,1 %.
Bonne tenue du port
Mais paradoxalement, à partir de 2010, alors que la crise frappe l’économie italienne de plein fouet, le volume de trafic accélère et reprend sa course. En 2014, la traversée du désert est terminée et Gênes enregistre une augmentation de 11 % par rapport à l’année précédente, et un chiffre record avec 21,65 Mt. Et la course vers les étoiles n’est pas terminée, le port enregistre une augmentation de 8 % durant les quatre premiers mois de l’année, grâce aux activités flamboyantes du terminal VTE géré à Pra par le colosse asiatique PSA, terminal qui contrôle la tranche la plus importante du trafic de conteneurs.
L’année a également bien démarré pour le terminal Sech. Fin avril, il affichait une augmentation de 15 % par rapport aux douze mois de l’année précédente! En 2014, le terminal avait enregistré une augmentation de son volume de trafic de 30 %. De quoi faire rêver la concurrence. Le scénario est identique en ce qui concerne le terminal Rebora, avec une augmentation de 15 % de son trafic conteneurs.
En somme, la situation est au beau fixe, voire à la canicule, si l’on en croit les prévisions de l’autorité portuaire qui, tout en notant une baisse de 8,1 % de son volume en septembre, parle de reprise en octobre, dépassement probable en novembre et explosion en décembre. Après l’année millésimée 2014, l’année en cours devrait être celle de tous les records.
Gênes au beau fixe
Selon une étude publiée au printemps, le taux de croissance annuelle du port est estimé à 7 % sur les cinq dernières années, et son taux de participation au chapitre des conteneurs en Italie a représenté 34 % en 2014.
La renaissance du port de Gênes en pleine période de crise est due à la politique de développement mise en place par l’autorité portuaire: remise en ordre des équipements et élargissement des espaces. Un vaste programme dira-t-on, comportant des engagements financiers et professionnels importants sur le long terme. Mais compte tenu du volume de trafic conteneurs, cette politique a fonctionné.
En parallèle, les terminalistes et l’autorité portuaire ont su consolider leurs relations avec leurs partenaires commerciaux et s’offrir de nouveaux marchés, notamment avec l’Extrême-Orient qui représente désormais un partenaire essentiel avec un volume de 369 738 EVP l’an dernier. En revanche, le trafic a baissé avec les pays d’Afrique du Nord et le Proche-Orient, en raison de l’instabilité et de la guerre. Quant aux liaisons avec la Géorgie, l’Ukraine et la Russie, elles ont été rayées de la carte des trafics du port de Gênes depuis 2012. « L’augmentation du volume de trafic conteneurs concerne la plupart des ports, mais en ce qui concerne Gênes, les investissements effectués qui ont permis d’accueillir des porte-conteneurs toujours plus grands ont marché, et expliquent la tendance à la hausse durant les quatre dernières années », explique une source portuaire.
Les manutentionnaires ont le vent en poupe
PSA Voltri Pra (Voltri Terminal Europa S.p.A.) est considéré comme le top des terminalistes, quasiment un cas d’école, avec sa capacité d’accueil de 1,5 MEVP par an et un volume de trafic estimé à plus d’1 MEVP, soit la moitié du volume global de trafic conteneurs du port de Gênes. À côté, on trouve les autres terminalistes, plus petits mais tout aussi ambitieux et dont les résultats sont essentiels pour l’économie portuaire.
Durant la période 2011-2013, plus de 3 MEVP ont transité dans le terminal équipé de huit grues post-Panamax (16 rows) et quatre grues super post-Panamax. Il s’étale sur quelque 110 ha et son espace reefer est le plus important de toute la zone nord-tyrrhénienne avec plus de 1 500 prises reefer.
Avec ses 450 000 EVP en 2014, le terminaliste Sech fait partie des principaux opérateurs de secteur italiens. Pour consolider son taux d’activité, il a effectué une série d’investissements, toujours en cours, pour augmenter ses capacités de stockage et d’accueil. Après les travaux, la nouvelle structure pourra accueillir les navires de dernière génération qui s’inscrivent dans le fameux gigantisme, tant décrié par la plupart des présidents des autorités portuaires italiennes.
Au chapitre des terminalistes génois, il ne faut pas oublier la compagnie Ignazio Messina – encore un œillet à la boutonnière de Gênes –, premier groupe italien et deuxième au niveau mondial dans le secteur des navires rouliers.