L’économie maritime: des activités « diverses et localisées »

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L’Institut national de la statistique et des études économiques n’hésite pas à rappeler une nouvelle fois que la France possède la deuxième plus grande superficie d’espaces marins au monde. Certes derrière les États-Unis, mais devant l’Australie et la Russie. Si cette richesse reste encore grandement potentielle (comme l’ont été les notules polymétalliques du Pacifique qui devaient assurer la puissance économique du pays dans les années 1970), les mers et le littoral génèrent aussi « directement » une grande variété d’activités qui forment le socle de l’économie maritime. S’y ajoutent, par effet d’entraînement, des activités « indirectes », écrit l’Insee Première, comme les transports, la logistique, le commerce de gros, etc. « Elles composent un halo plus difficile à définir et à mesurer. »

En 2012 donc, l’emploi maritime comptait 450 100 personnes dont 393 500 salariés. Le premier employeur étant le « tourisme littoral » (227 600 personnes dont 186 900 salariés, les deux tiers étant occupés par l’hôtellerie et la restauration), le dernier les assurances et les banques maritimes avec 900 personnes, toutes salariées. Après le tourisme, « l’intervention publique » est le deuxième employeur (Marine nationale, action de l’État en mer, enseignement, formation, etc.) avec 69 200 personnes. La pêche, l’aquaculture et toute l’exploitation des produits marins, préparation et commercialisation comprises, occupent 50 700 personnes dont 38 300 salariés. Le transport maritime et fluvial de passagers ou de marchandises, y compris les services portuaires, représente 45 100 personnes (dont 43 400 salariés). La construction et la réparation navale (seule la construction de voiliers est évoquée) emploient 38 500 personnes (36 900 salariés). Les énergies marines renouvelables occupent beaucoup les discours, mais dans la réalité elles n’emploient que 8 000 personnes, toutes salariées. L’emploi dans les ports de commerce n’est tout simplement pas évoqué. Il faut se rappeler que lorsque l’Ifremer s’occupait des « données économiques maritimes françaises » (DEMF), les activités portuaires étaient agrégées dans celles du transport maritime et fluvial. Au total, ces 450 100 emplois représentent 1,7 % du total français et plus de 8 % des emplois maritimes dans l’Union européenne.

Compte tenu de l’importance du tourisme littoral, de la pêche et de la transformation des produits de la mer, les structures productives sont très différentes d’une activité à l’autre. Sur les 168 000 établissements participant à l’économie maritime, hors Marine nationale, les trois quarts n’ont aucun salarié.

Paca et Bretagne

Pour d’évidentes raisons, les emplois maritimes se concentrent le long des côtes à 94 %, même si l’Ile-de-France compte 21 000 emplois. La région Paca abrite 28 % et la région Bretagne 17,8 % du total des emplois maritimes. Ce qui représente plus de 6 % de l’emploi local, soit trois points de plus que la moyenne des régions littorales. L’Aquitaine Limousin, Poitou-Charentes et la Normandie regroupent chacune plus de 45 000 postes maritimes, mais ceux-ci représentent moins de 4 % de l’emploi régional.

Compte tenu de l’hétérogénéité de l’économie de l’eau salée, la localisation de secteurs est très différente d’une région à l’autre: le tourisme littoral se concentre en Corse, Guadeloupe, Martinique et Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées où il représente 70 % des effectifs maritimes. Plus au nord, les activités maritimes non touristiques sont prépondérantes. Ainsi la Bretagne est-elle tournée vers l’intervention publique, la recherche, les produits de la mer et la construction/réparation navale. En Nord-Pas-de-Calais Picardie, l’économie bleue (couleur rare en Manche) est plutôt axée sur la production d’énergie (centrales « nucléaires littorales »), le transport maritime (Calais, Dunkerque) et les produits de la mer (Boulogne-sur-Mer). En Normandie, la production d’énergie et le transport maritime (Le Havre et Rouen) sont également prépondérants, constate l’Insee Première. Enfin, dans les Pays de Loire, c’est la construction et la réparation navale qui dominent.

Autre conséquence de cette hétérogénéité, la grande diversité des catégories socioprofessionnelles: les employés représentent 70 % des effectifs du tourisme littoral, les cadres et les professions intermédiaires forment respectivement 32 % et 28 % de l’intervention publique, les ouvriers 65 % des « produits de la mer » et 52 % de la construction et réparation navale. Atypique, les cadres représentent 45 % des effectifs des assurances et banques maritimes. En moyenne, les effectifs de l’économie maritime sont ainsi repartis: ouvriers 29 %, employés 45 %, professions intermédiaires 14 %, cadres 12 %.

En quatre pages, la note de l’Insee Première ne peut pas être aussi complète que les 90 pages des DEMF de l’Ifremer. Manquent notamment les données sur les chiffres d’affaires et les valeurs ajoutées. Pour la deuxième édition de ses DEMF en janvier 1999, l’Ifremer soulignait que « la mer n’est pas un discriminant des activités productives ». Elle ne l’est toujours pas, ce qui n’empêche pas l’Union européenne de s’embarquer dans un concept incertain de croissance bleue.

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