Pour les neuf premiers mois de l’année 2015, 190 incidents ont été signalés à l’IMB Piracy Reporting Centre, chiffre qui se répartit en 154 abordages, 21 tentatives et 15 détournements dont deux lors du dernier trimestre. Deux cent soixante-six membres d’équipage ont été pris en otage, 14 agressés, 13 blessés, 10 enlevés et un tué. Les deux derniers détournements se sont produits en Asie du Sud-Est. Le 8 août d’abord, c’est un petit pétrolier battant pavillon singapourien qui a été détourné alors qu’il faisait route vers le détroit de Malacca. Comme lors des autres attaques de pétroliers, la cible était sa cargaison qui a été partiellement volée. Le 15 août, ensuite, c’est un chalutier avec cinq membres d’équipage qui a été attaqué par cinq pirates à environ 40 milles à l’ouest de l’île malaisienne de Pulau Langkawi. La police maritime thaïlandaise a retrouvé le navire deux jours plus tard, deux des membres d’équipage ont été blessés.
L’Asie du Sud-Est, nouvel épicentre
Si le nombre total d’actes de piraterie est en recul (178 actes pour la même période en 2014), les activités criminelles progressent dans certaines zones et reculent dans d’autres. C’est désormais l’Asie du Sud-Est qui concentre les « zones à très haut risque »: le détroit de Malacca, les eaux situées à l’ouest de la Malaisie péninsulaire ainsi que les eaux séparant les Philippines de l’État malaisien du Sabah. Les « zones à risque » pour la région sont le golfe de Thaïlande et toutes les eaux séparant le Viêt Nam, les Philippines et le nord de Bornéo.
En tant que pays, c’est l’Indonésie qui enregistre le plus d’incidents (86), principalement sans gravité, suivi du Viêt Nam avec 19 attaques, dont 11 signalées par des navires qui mouillaient au large de Vung Tau. Le Nigeria enregistre 12 incidents, enfin le Bangladesh et la Malaisie, 11 chacun. Concernant le Nigeria, tous les actes de piraterie avec enlèvement de l’équipage ont été perpétrés dans les eaux nigérianes ces neuf derniers mois, dont un seul pour le dernier trimestre contre un navire pétrolier dans le golfe de Guinée.
La piraterie somalienne est en net recul, puisqu’aucun incident n’a été signalé sur la période complète des neuf mois, la « zone à haut risque de piraterie » pour la Corne de l’Afrique a d’ailleurs été réduite (voir encadré). Sur les 86 attaques qui se sont produites dans les eaux indonésiennes, 51 concernent des navires en navigation, 20 des navires en mouillage et cinq à quai. Les navires ont été attaqués principalement à l’approche occidentale du détroit de Singapour. Les types de navire les plus attaqués restent dans les mêmes proportions qu’en 2014, les vraquiers (65), puis les porte-conteneurs (22) et les transporteurs de diverses (10).