Les déchets proviennent du retraitement à l’usine de La Hague des combustibles usés du réacteur de recherche australien Hifar (High Flux Australian Reactor). Selon l’ONG Robin des Bois, le navire doit charger le 15 octobre à Cherbourg des combustibles nucléaires australiens retraités par Areva à Beaumont-Hague, à 20 km de Cherbourg. L’association considère qu’« un transport sûr s’appuie à la fois sur le conditionnement des résidus radioactifs et sur le niveau de sécurité du navire ».
Alertée, l’Autorité de sûreté nationale n’a pas traité le cas mais l’a transmis à la Direction générale des infrastructures des transports et de la mer (DGITM). Contactée le 14 octobre, l’ASN confirme qu’elle n’est « compétente que pour les emballages de déchets nucléaires et de la façon dont ils sont agencés, mais pas pour le moyen de transport ». Selon Guillaume Bouyt, chef de l’ASN à Caen, la DGITM se trouve « dans un processus d’analyse et les résultats ne devraient pas être connus avant le début de semaine prochaine ».
Des déficiences inquiétantes
L’USCG Maritime Information Exchange (US Coast Guards) a enregistré quatre inspections pour le navire entre le 1er mars et le 7 mai. Si le rapport de la première inspection effectuée au port d’Honolulu signale huit déficiences inquiétantes au niveau des systèmes de sécurité (en particulier un système anti-incendie défectueux), la dernière inspection, dans le port de la Nouvelle-Orléans, ne signale plus ces déficiences. Les rapports d’inspection du Paris Memorandum of Understanding (Paris MoU) indiquent quant à eux une détention du navire datant du 11 août 2010. La dernière inspection signalée par le Paris MoU date du 8 juin. Effectuée au port d’Esbjerg, au Danemark, cette inspection signale quatre déficiences: éclairage défectueux dans les espaces de travail, bouées de sauvetage manquantes, problèmes de maintenance du système de sécurité, principalement au niveau du système électrique. Cependant le navire n’a pas été détenu.
Dans une question écrite, Denis Baupin, vice-président de l’Assemblée nationale, a demandé à la ministre de l’Écologie Ségolène Royal une « interdiction d’utilisation de ce navire pour ce transport vers l’Australie », à défaut de garanties suffisantes sur son état.
Contactés le 14 octobre, la DGITM, le cabinet de Ségolène Royal mais également les associations écologistes qui ont alerté sur ce transport n’ont su ni communiquer les résultats de ces analyses, ni même confirmer qu’elles ont bien été menées.