Une vision géostratégique de l’axe Seine

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Dominique Dhervillez se souvient: « J’ai pris mes fonctions le 1er avril 2010. Le 4 mai, l’AURH organisait un colloque baptisé Paris, Rouen, Le Havre Seine d’avenir. L’événement a rencontré un franc succès. À l’origine, c’est l’ancien maire du Havre, Antoine Rufenacht, qui m’a demandé de me pencher à temps plein sur le Grand Paris. »

Ancien directeur de l’urbanisme de la Ville de Montreuil puis directeur général adjoint à la Ville du Havre en charge des grands projets, c’est un homme d’expérience qui prendra les rênes d’une agence dont les compétences vont être rapidement élargies à l’estuaire de la Seine puis à l’axe Seine. La feuille de route de Dominique Dhervillez abordera un thème stratégique, celui du développement économique du territoire. Ce travail collectif mobilisera et mobilise toujours une équipe multidisciplinaire composée de 29 collaborateurs au sein de l’agence, la plus ancienne de France avec ses 50 ans d’existence.

Agitation d’idées

Dès le départ, Dominique Dhervillez va orienter les travaux avec une vision, selon laquelle Le Havre et l’estuaire de la Seine doivent inscrire leur développement sur une échelle plus large, celle de la vallée de la Seine, et plus largement encore sur l’Europe du Nord-Ouest. « Nous avons organisé des observatoires sur l’emploi, le logement, la démographie. Nous nous sommes également ouverts à des collaborateurs externes comme avec l’architecte et urbaniste Antoine Grumbach. Très tôt, Antoine Rufenacht, alors président de l’AURH, a souhaité voir se développer des liens entre le port, la CCI, la communauté d’agglomération. Tout cela a permis de créer une certaine agitation d’idées. L’estuaire de la Seine est un assemblage de départements, de régions divisées par une organisation administrative. L’idée a été de le reconsidérer dans sa totalité. Il y a eu des succès mais aussi des échecs comme le projet de pôle métropolitain qui s’est heurté à un certain conservatisme. Finalement, les deux régions Haute et Basse-Normandie vont fusionner. L’histoire nous donne raison. Il y a aussi en matière ferroviaire la ligne nouvelle Paris-Normandie, la constitution d’Haropa, les CCI qui travaillent désormais à l’échelle de l’estuaire, la constitution du Seine Gateway qui vise à faciliter la collaboration entre les acteurs portuaires logistiques et économiques de la vallée de la Seine. Il existe une notoriété de projets aujourd’hui, même si encore beaucoup de personnes pensent que les choses ne vont pas assez vite », analyse-t-il. Et le canal Seine-Nord? Dominique Dhervillez estime qu’il s’agit d’un projet qui « n’est pas opportun. Il arrive à un moment où la vallée de la Seine est en pleine construction. Que Paris ait un lien avec Anvers et Rotterdam, ce n’est pas l’urgence. L’urgence, c’est que Le Havre soit connecté avec la Ruhr, l’Italie du Nord et la Suisse. »

Temps forts

Dominique Dhervillez va connaître plusieurs temps forts lors de son mandat à la tête de l’AURH. Depuis la consultation internationale sur le Grand Paris en 2009, la place havraise a soutenu le projet d’Antoine Grumbach de doter Paris d’une façade maritime puissante situé sur la route maritime la plus fréquentée du monde, la Manche. En 2011, l’agence va intégrer le projet européen Weastflows qui vise à favoriser le déploiement des flux de marchandises sur un nouvel axe européen ouest-est afin de répondre à la saturation prévisible des corridors historiques de transport européen nord-sud. L’AURH aura en charge la cartographie et l’analyse des infrastructures de transport pour l’Europe du Nord-Ouest en collaboration avec les autres partenaires du projet. Ces travaux vont contribuer à l’inscription de la vallée de la Seine à la carte des corridors majeurs européens définie en octobre 2013 par la Communauté européenne.

En 2015, Dominique Dhervillez aura mis en avant la nécessité de renforcer l’axe Le Havre-Mannheim (Allemagne) pour conforter la position de l’Ile-de-France en Europe. Le Havre, avec son ensemble portuaire et ses réserves de capacité importantes, est une porte de l’Europe de l’Ouest, un avantage concurrentiel indéniable pour Paris. Pour lui, il le serait encore plus en créant un tapis roulant ferroviaire en direction de Strasbourg, puis jusqu’à Mannheim et même au-delà. Paris sortirait ainsi de sa position insulaire par les deux côtés et deviendrait un carrefour économique européen important.

Pour Dominique Dhervillez, il reste encore beaucoup à faire. « L’ensemble de la vallée de la Seine et l’Ile-de-France constituent une île qui s’est séparée des zones européennes dont le développement économique est florissant. Il faut éviter que cette île occidentale reste isolée de la mondialisation du commerce qui est maritime à plus de 80 %. Nous sommes dans un pays qui n’a pas compris les enjeux de la globalisation de l’économie et de la massification des flux », s’inquiète-t-il.

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