Federagenti veut changer le système

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C’est à l’occasion de sa 66e assemblée générale que Federagenti, la fédération italienne des agents et des représentants maritimes, a brossé un état des lieux peu encourageant: une bureaucratie étouffante, la promesse d’une réforme du système portuaire jamais concrétisée, des infrastructures obsolètes, et enfin le gigantisme des porte-conteneurs, pénalisant pour les économies portuaires qui ne sont pas en mesure d’investir ponctuellement pour adapter leurs infrastructures aux nouvelles dimensions des navires.

À plusieurs reprises, les délégués ont égrené comme un triste chapelet les mille maux provoqués par la bureaucratie italienne qui bloque la relance du système portuaire et pousse les armateurs à chercher d’autres sites plus accueillants. C’est-à-dire plus souples et surtout mieux structurés. Quelques exemples de la bureaucratie à l’italienne? Le houblonnage des bureaux chargés de contrôler les marchandises et les navires qui jettent l’ancre dans les ports italiens. Ou encore la multiplication des normes, dispositifs, règles et indications différemment interprétés par le personnel portuaire italien. Un scénario qualifié de cauchemardesque par certaines compagnies maritimes qui ont inscrit des sites comme Gioia Tauro (Calabre) sur leur liste noire. « De plus en plus de transporteurs internationaux demandent aux compagnies maritimes de rayer le port de Gioia Taura de leur liste portuaire, les contrôles effectués dans ce port étant effarants par rapport à la moyenne des contrôles effectués par la concurrence », a expliqué Federagenti dans un communiqué. Selon la fédération, 13 803 contrôles ont été effectués sur les conteneurs, soit le double du nombre d’inspections faites dans le port de Valence en Espagne, et le triple par rapport à celui du Pirée. À cela s’ajoute le surplus de coûts pour les compagnies généré par la bureaucratie italienne. « Le temps perdu à cause de la bureaucratie entraîne inévitablement des retards et des pertes financières importantes pour les compagnies et l’ensemble du commerce international », estime Federagenti.

En finir avec le gigantisme

Autre problème important, le gigantisme des navires. « Il faudrait réussir à former une coalition, impliquer Angela Merkel et obliger les cinq principales compagnies comme MSC et Mærsk, par exemple, à en finir avec les porte-conteneurs de plus en plus grands. Cette politique oblige les ports soit à débloquer ponctuellement des enveloppes pour élargir leurs infrastructures soit à baisser les bras », confie un participant. Vaste projet, les compagnies n’ayant visiblement pas l’intention de renoncer à la course au gigantisme. D’autant qu’elle leur permet de s’octroyer la part du lion dans le marché du conteneur, comme l’a souligné Michele Pappalardo, président de Federagenti. Mais les Italiens tablent sur l’exemple donné il y a quelques mois par les ports de la côte est-américaine qui ont organisé une coalition afin de bloquer l’accès de leurs sites aux navires de plus de 8 000 EVP. « Les géants de la mer risquent de bloquer le système logistique des ports et, en rebond, d’enrayer un pan d’économie vitale pour certains pays. La question est: à quoi correspond le volume d’investissement qui devrait être ponctuellement débloqué par les ports pour les équipements, les systèmes de stockage et de triage, tout un appareil par conséquent difficilement amortissable? », a tonné Michele Pappalardo.

Le sujet tabou de la réforme portuaire

Cette assemblée, qui s’est tenue dans les locaux de Villa Margolini sur les hauteurs de la localité touristique Lerici (La Spezia), a également permis aux participants d’aborder un autre sujet qui risque de devenir tabou du côté du ministère des Transports et des Infrastructures: la réforme portuaire. Un document devait être présenté en mars par Maurizio Lupi puis a été redéposé dans un tiroir après la démission du ministre. Aux dernières nouvelles, son successeur Graziano Delrio aurait décidé de remanier le projet de réforme. Soit, déclarent les opérateurs du secteur, mais à condition qu’un document soit rapidement présenté. Et qu’il tienne compte des positions des représentants des autorités portuaires, d’Assoporti et de Federagenti qui réclament plus de rationalité et des changements en matière de gouvernance pour optimiser le système portuaire. « Renforcer le rôle central du gouvernement à travers le ministère des Transports et des Infrastructures est un bien, à condition toutefois que ce changement serve aussi à donner plus d’autonomie aux autorités portuaires stratégiques pour le pays, qui devront être choisies sur la base des indications européennes pour le secteur et aussi du marché », a souhaité Lorenzo Forcieri, président de l’autorité portuaire de La Spezia. Reste à voir si ce souhait correspond aux projets du ministre des Infrastructures et des Transports, et surtout du président du Conseil Matteo Renzi.

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