Durant la dernière assemblée d’Assoporti, l’association des autorités por– tuaires italiennes, qui s’est tenue le 22 juillet à Rome, le ministre des Transports et des Infrastructures Graziano Delrio et les participants ont croisé le fer. Côté institutions, on défend l’introduction à court terme d’un plan de la logistique et des ports pour relancer le système. Seul problème: ce plan ressemble à un mirage, personne dans l’immédiat n’ayant eu la chance, comme le soulignent les mauvaises langues, d’entrevoir ne serait-ce que l’introduction du document rédigé par les experts ministériels.
Tout casser pour tout changer
Pour relancer les moteurs de l’économie portuaire, Graziano Delrio proclame « l’importance du fer et de l’eau ». Pour le ministre des Transports et des Infrastructures, cela veut dire améliorer le réseau ferroviaire, maritime et fluvial. Pour sa part, le président de l’association, Pasqualino Monti, souligne la nécessité d’intervenir à court terme « sur quatre fronts », a-t-il dit. D’abord, en introduisant l’autonomie décisionnelle et financière. Une solution qui a permis à certains ports comme Rotterdam et Barcelone, comme l’ont d’ailleurs expliqué les présidents des autorités portuaires de ces sites durant l’assemblée, de remodeler totalement leur fonctionnement et d’améliorer leurs performances. Le patron d’Assoporti, qui dirige aussi l’autorité portuaire de Civitavecchia, a également insisté sur l’importance de « dégraisser le mammouth », la fameuse bureaucratie qui embourbe l’Italie. Il réclame aussi une remise à plat des relations entre l’exécutif et les représentations locales qui ont un impact négatif sur les ports. Enfin, il a évoqué le besoin de revoir le fonctionnement de la gouvernance au niveau de la chaîne logistique. Le sens de ce message est qu’il faut en fait tout casser pour tout changer. Par ailleurs, tout en réaffirmant au ministre des Transports et des Infrastructures le soutien de la classe portuaire en ce qui concerne le plan de la logistique et des ports, Pasqualino Monti a réaffirmé l’importance d’une confrontation permanente entre le système italien et celui des grands ports européens. Il a cité le cas de Rotterdam qui emploie 18 000 salariés, affiche un chiffre d’affaires annuel de 660 M€ et 215 € de bénéfices, et constitue l’un des piliers essentiels de l’économie néerlandaise.
Pour le reste, l’assemblée d’Assoporti a également permis aux participants de réaffirmer l’importance de la politique adoptée par les institutions européennes en ce qui concerne les couloirs Ten-T et la fameuse économie bleue, constituée par les secteurs maritimes et marins. En juin, Federagenti, la fédération des agents maritimes, avait évoqué durant son assemblée annuelle la question du gigantisme des navires qui pénalise les ports. Un point repris par Assoporti qui a évoqué le problème pour les ports d’adapter ponctuellement leurs structures pour pouvoir accueillir les géants des mers. « À l’instar des systèmes ferroviaires inefficaces, le gigantisme risque de compromettre les prospectives sérieuses de développement du système portuaire italien », a estimé l’armateur Ignazio Messina.
Défection de Luigi Merlo
Selon quelques observateurs la participation à cette assemblée de personnalités importantes comme le représentant de l’autorité portuaire de Rotterdam ou de Dimitrios Theologitis, chef de l’unité Transport maritime et de la Politique portuaire de la Commission européenne, devrait faciliter le dialogue entre le ministre italien des Transports et les patrons des ports italiens. Notamment sur les questions importantes comme la réforme portuaire, indispensable pour la majorité des participants. Une éventualité souhaitable, affirment en coulisses quelques participants, le fossé d’incompréhension entre les représentants des autorités portuaires et ceux de la politique devant être comblé au plus vite au nom du bien-être de l’économie transalpine.
Seule fausse note, la défection de Luigi Merlo. Interviewé par le journal MediTelegraph, le président de l’autorité portuaire génoise n’a pas été très généreux avec ses collègues. « L’an dernier, j’ai abandonné Assoporti et je n’ai pas l’intention pour le moment de changer d’idée. L’association doit changer et la réforme portuaire devra modifier Assoporti, une formule qui pour le moment ne fonctionne pas », a-t-il déclaré. Il a ajouté que cette assemblée « ressemblait à un séminaire: beaucoup de commissaires et peu de présidents ». Enfin, le patron de Gênes a remis en question l’absence de représentants du monde de l’emploi et de la classe politique.
(Lire aussi notre article en p. 15)