Le 20 juillet, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité une résolution qui entérine le plan global d’action conjoint (Joint comprehensive plan of action, JCPOA) sur le nucléaire signé le 14 juillet à Vienne par l’Iran et les pays du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne). Le même jour, l’Union européenne a également approuvé le JCPOA. De son côté, le Congrès américain dispose de 60 jours pour adopter ou rejeter l’accord. Les deux votes de l’ONU et de l’UE préparent la voie à une levée des sanctions prises à l’encontre de l’Iran respectivement en 2006 et en 2010. Une condition de la levée progressive des sanctions est le respect intégral du JCPOA par Téhéran. Si l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) estime cette condition remplie, la date annoncée pour le début de la levée des sanctions est le premier trimestre 2016. Entre le 15 et le 21 juillet 2015, plusieurs analyses sont parues sur les conséquences de l’accord pour le marché du brut et le transport maritime de cette matière première. La première question porte sur les futurs niveaux de production et d’exportation de pétrole brut de l’Iran. Ce pays a largement fait part de sa volonté d’augmenter sa production de 500 000 barils par jour (bpj) immédiatement puis d’encore 500 000 bpj, six mois plus tard. Les analystes tablent plutôt sur un essor de la production de 200 000 bpj d’ici fin 2015 pour atteindre 500 000 ou 700 000 bpj courant 2016, compte tenu de l’obsolescence de certaines installations. Le courtier maritime londonien Gibson rappelle que les exportations de brut iranien vers l’Europe ont atteint un sommet de 900 000 bpj en 2007 et sont tombées à 120 000 bpj au premier trimestre de 2015. Une tendance similaire a été observée en Asie (Japon, Corée du Sud) avec des importations de 700 000 bpj en 2007 diminuées à 270 000 bpj au premier trimestre 2015. L’Inde a réduit ses importations de brut iranien au cours de la même période et reçoit 220 000 bpj actuellement.À l’inverse, les exportations de brut iranien vers la Chine se sont élevées à 530 000 bpj en 2007 et ont atteint près d’1 Mbpj en 2011, malgré la mise en œuvre des sanctions.
Des navires à remettre à niveau
À ce jour, la flotte iranienne comprend 12 Suezmax, 5 Aframax et 37 VLCC. La plupart de ces navires n’est pas utilisée et aura besoin d’une remise à niveau avant de recommencer à naviguer, selon Gibson. 20 des 37 VLCC servent de stockage flottant pour du brut et devraient trouver preneur pour leur cargaison d’ici le premier trimestre 2016, probablement en Asie. La hausse des exportations de brut iranien pourrait entraîner une progression limitée de la flotte mondiale de VLCC, selon IHS Maritime. Les taux de fret pourraient se situer entre 60 000 et 70 000 $ par jour entre novembre 2015 et mars 2016, sur les routes maritimes vers l’Asie. Concernant le secteur de l’assurance et de la réassurance, le London P& I Club a signalé que l’UE avait, dès le 14 juillet, pris des dispositions pour poursuivre la suspension des sanctions effectives depuis novembre 2013. Puis, le UK P&I Club a déclaré que l’interdiction de la fourniture d’assurance ou de réassurance à l’Iran, au gouvernement, à toute entité, à toute personne physique ou morale du pays, ou agissant en leur nom, serait certainement levée; de même que les interdictions concernant le transport de brut, les produits pétroliers et le gaz. Le Japan P&I Club a fait part de la même analyse. Le UK P&I Club recommande aux opérateurs de privilégier la prudence et de recourir à des conseils indépendants pour valider tout contrat avec des fournisseurs iraniens.