En début d’année, Drewry estimait que l’ensemble des compagnies devait générer un bénéfice d’au mieux 8 Md$. Six mois plus tard elles devraient, au mieux et avec de la chance, être à l’équilibre pour l’exercice 2015. En d’autres termes, certaines vont replonger dans le rouge. Face à cette situation, la « seule » solution repose sur les transporteurs qui doivent prendre des mesures « bien plus » radicales pour réduire la supercapacité qui s’est répandue sur pratiquement toutes les principales routes maritimes. La chute de la moyenne des taux de fret devrait être la plus forte depuis 2011. Cette année-là, la baisse à l’unité transportée était de 10 %. Durant le 2e trimestre 2015, les taux de fret spot sur les quatre principales routes Est-Ouest ont chuté de 32 % par rapport à ce qu’il se pratiquait un an auparavant.
La récente décision prise par le service joint Ocean 3 de réduire d’environ 4 % la capacité offerte sur l’Extrême-Orient et le Nord-Europe devrait faciliter la mise en œuvre des augmentations générales des tarifs de juillet et août. Mais des solutions plus « déterminantes » sont nécessaires un peu partout car la suppression de quelques départs ne peut être qu’une solution très temporaire. Près de 129 porte-conteneurs de 8 000 EVP et plus doivent se faire une place au soleil d’ici à la fin de l’année.
Le taux moyen d’utilisation des navires est tombé à 83 % durant le premier trimestre 2015. Cela n’aurait pas dû entraîner une forte chute des taux spot. Mais la faiblesse perçue de la demande a poussé de nombreux transporteurs à se lancer dans une guerre des taux sur de nombreuses routes maritimes. À l’exception du transatlantique en Westbound et sur segment Extrême-Orient vers le Moyen-Orient, « nous avons rarement vu autant de dessertes maritimes se trouver dans d’aussi mauvaises conditions en même temps », écrit Drewry. Les taux spot ont atteint leurs minima historiques en sortie d’Extrême-Orient vers l’Europe et vers la côte Est de l’Amérique du Sud. Cela s’explique par la peur des transporteurs de perdre des volumes et l’arrivée imminente de nouveaux navires.
Chaque trimestre arrivent sur le marché entre 10 et 15 très grands porte-conteneurs qui remplacent des unités plus petites qui s’en vont déstabiliser durablement d’autres routes maritimes.
Perte de contrôle
« Il n’y a aucune zone où l’arrivée des porte-conteneurs de 8 000 EVP et plus puisse se faire sans déstabiliser l’équilibre entre l’offre et la demande », souligne Neil Dekker, directeur de recherche du transport conteneurs. « Les transporteurs ne veulent pas mettre à la chaîne ces coûteux actifs. Le carnet de commandes commence à être hors de contrôle avec une capacité commandée depuis janvier de 1,14 MEVP. L’insistance des armateurs à commander tant de grands navires devient contre-productive et pratiquement sur les dessertes sont en surcapacité. Nous entrons dans une nouvelle ère dominée par les grands navires que les exploitants doivent s’habituer à ne remplir qu’à 80 % à 85 % et non pas à 90 % et plus. Ils ne peuvent pas ajouter de la capacité et penser que cela n’aura pas d’impact substantiel sur leurs chiffres d’affaires », ajoute Neil Dekker.
Les termes utilisés par Drewry sont « forts », son analyse, sévère. Tout cela rappelle le ton du rapport du Forum international des transports (OCDE) sur les conséquences des très grands porte-conteneurs (JMM du 5 juin, p. 13). Les armateurs ne sont pas les seuls en cause dans ce qui commence à ressembler à une forme de suicide collectif. Il y a les banques et probablement les banques chinoises.
L’Afrique au cœur des débats
Haropa organise le 17 septembre un atelier-débat autour du thème « Les ports de Haropa – Le Havre, Rouen, Paris: votre solution logistique pour l’Afrique ». Cette conférence se déroulera à Paris, sur le port de Gennevilliers. Elle vise à être une réunion d’échanges et d’informations sur les atouts logistiques de l’axe Seine pour commercer avec l’Afrique. Cet événement, destiné à un public de logisticiens, transitaires, chargeurs et représentants d’armements, aura lieu sous forme d’une table ronde regroupant des acteurs expérimentés dans le domaine des échanges avec le continent africain. La table ronde sera animée par Hervé Deiss, rédacteur en chef du Journal de la Marine Marchande.
Pour tous renseignements:
Patrick Bret, responsable Nord/Sud de Haropa
Tél.: + 33 (0) 2 35 52 54 23 – courriel:
Web: