La seule chose qu’il regrette, c’est de ne pas être mort dans la nuit du 13 janvier 2012, lorsque le paquebot Costa-Concordia s’est échoué sur un rocher, à quelques mètres de la rive de l’île du Giglio en Toscane.
En vente dans les librairies italiennes depuis le 24 juin, la version du naufrage de Francesco Schettino suscite déjà, une semaine après sa parution, de nombreuses discutions. Il y a d’abord la dédicace « À ceux qui cette nuit-là ont perdu des personnes chères. À ceux-là, la vérité est due » qui a fait sursauter les familles des victimes et les survivants qui ne peuvent pas encore lui pardonner. Et puis, il y a surtout le fait que l’ex commandant du Costa-Concordia, condamné en première instance à seize ans de prison, tente, au fond, de se disculper. Et même si la coauteur du livre, la journaliste Vittoriana Abate affirme le contraire. Dans cet ouvrage de 600 pages, la défense de Francesco Schettino repose sur la publication de photographies, documents et écoutes retranscrites à partir de l’enregistrement des conversations à bord avant le drame. D’ailleurs, l’ex commandant a envoyé quelques chapitres aux experts chargés de dresser un nouveau rapport pour le procès en appel qui débutera à Florence à la fin de l’automne prochain.
Pour renforcer sa défense, Francesco Schettino a inséré quelques critiques envers les experts juridiques qui ont reconstitué le drame durant le procès en première instance et qui ont, selon lui, « oublié » des détails essentiels prouvant la bonne foi de l’ex commandant. Il évoque aussi ce qu’il qualifie de « trous noirs » dans l’enquête, des éléments importants qui lui auraient, estime-t-il, permis d’éviter une condamnation « injuste ».
Publiée en 10 000 exemplaires, l’autobiographie épaisse comme l’ancien Testament risque toutefois d’être un échec côté ventes. Trop de douleur, de rancœur et de mauvais souvenirs brûlent encore les mémoires en Italie. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui disent déjà que Francesco Schettino aurait dû éviter de remuer les eaux noires qui entourent le Costa-Concordia.