Parce qu’aujourd’hui une conférence de presse qui ne fait pas référence à COP 21 – qui doit se dérouler à Paris en décembre – est presque sans intérêt, les chargeurs réunis au sein de l’AUTF n’ont pas dérogé à la règle. Denis Choumert, président de l’AUTF, est revenu sur le projet Fret 21. Une initiative menée avec l’Ademe et le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie dans une logique de participer à la lutte contre le réchauffement climatique. Partant du principe qu’il est préférable de se demander ce qu’une entreprise peut faire pour l’État plutôt que de savoir ce que l’État peut faire pour une entreprise, les partenaires ont développé un système d’engagement en faveur de la réduction des émissions de CO2 dans leur logistique. Une nouvelle étape vient d’être franchie, a souligné Denis Choumert, avec la mise en place d’un logiciel pour aider la démarche des chargeurs. « Nous allons valoriser cette initiative », a assuré le président de l’AUTF.
Le président est aussi revenu sur les évolutions dans le transport maritime et notamment les grandes alliances qui se sont formées au cours des derniers mois. « Amis armateurs, on vous aime, mais nous avons préféré faire appel à Dieu plutôt qu’à ses saints. » Face à ces alliances, l’AUTF, au travers de ses organisations nationales, européennes et internationales, s’est directement retourné vers la direction générale européenne en charge de la concurrence, la Federal Maritime Commission américaine et les autorités anti-concurrence en Chine. « Nous avons décidé de nous associer à leur surveillance. » L’idée n’est pas de s’opposer systématiquement mais de contrôler au plus près les pratiques. Les trois principales alliances (M&M, Ocean 3 et G6) disposent de 70 % de parts de marché sur la route Europe-Asie. « Pour l’instant tout va bien, mais nous craignons des risques d’abus de position dominante », a expliqué Denis Choumert.
Le fret ferroviaire souffre
L’autre sujet préoccupant de ce début d’année se retrouve sur le fret ferroviaire. « Le fret ferroviaire français et européen n’est pas en bonne santé. » Un constat qui se traduit par les chiffres mais, bien pire, par des politiques commerciales que le président de l’AUTF ne comprend pas toujours. Ainsi, l’abandon de la politique du wagon isolé, dont le trafic est passé sous la barre des 200 000, le problème du réseau capillaire en France et le manque de financements alertent les chargeurs. « Le manque d’entretien du réseau sur les voies capillaires, aggravé par le désengagement financier de l’État ces dernières années, conduit RFF à programmer un nombre croissant de fermetures de lignes », a rappelé le président de l’AUTF. Un discours qu’il tient depuis plus d’un an sans que cela ne fasse caisse de résonance auprès des pouvoirs publics.
La mutualisation des THC
Quant au transport fluvial, si le président de l’AUTF n’est pas entré dans le débat national du partisan ou de l’opposant au canal Seine-Nord, il a néanmoins prévenu qu’il « faudra veiller au financement du canal et au niveau des péages qui y seront appliqués ». S’agissant de ce mode de transport, il est revenu sur une demande plus ancienne mais qui tarde à émerger: la mutualisation des THC (terminal handling charges). Denis Choumert souhaite que la mutualisation de ces coûts se fasse sur toute la chaîne logistique comme il est prévu pour les autres modes de transport.
Si les dossiers actuels avancent difficilement, le président de l’AUTF a fini sur une note positive. Deux nouvelles encourageantes se font jour. En premier lieu, l’intention de l’Europe de réglementer le transport routier et faire tomber le protectionnisme de certains apparaît comme positive. Ensuite, la double évolution des systèmes d’informatiques portuaires (les Port Community System), désormais ouverts directement aux chargeurs, ainsi que l’harmonisation attendue des systèmes havrais et marseillais éclaircissent le ciel.