ENSM: le défi n’est pas encore totalement relevé

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François Marendet a rappelé la difficile et longue gestation de l’ENSM, ses débuts plus qu’incertains ainsi que les alternances politiques qui modifient les objectifs. Souvenons-nous que lors des 7e assises de l’économie maritime de novembre 2011, Nathalie Kosciusko-Morizet, alors ministre de l’Écologie assurant la tutelle des Transports, avait livré sa « conviction [qu’] il faudra également faire un choix entre les différents sites […] et je suis ouverte à toutes les propositions que vous voudrez bien me faire à ce sujet ». L’élection présidentielle de mai 2012 a confirmé le choix (inexpliqué) de conserver quatre sites, jusqu’à preuve du contraire ou la publication d’un toujours possible rapport de la Cour des comptes.

Pour sauver l’ENSM en fin d’année 2012, le contribuable lui a versé une dotation exceptionnelle et a changé la gouvernance: François Marendet est nommé d.g. et Henri Moulinet, président. La lettre de missions du d.g. portait sur quatre thèmes: maintenir une grande école d’ingénieur, assurer une visibilité régionale de chaque site, trouver de nouvelles ressources financières et renouveler un dialogue social direct.

Les constats faits par le d.g. sont sombres: un corps professoral « hétéroclite » composé de professeurs de statut militaire en voie d’extinction et de professeurs civils, principalement contractuels ou vacataires; aucune formation continue des enseignants; aucun « regard » hors de France et en particulier en direction d’Anvers où un tiers des élèves officiers sont de nationalité française; aucun projet proposé par des enseignants ou des élèves n’a été supporté par l’École; un cursus pédagogique « inadapté », etc. Bref, « on allait former de mauvais ingénieurs et de mauvais navigants ».

En décembre 2013, le projet d’établissement est défini: il s’agit de valoriser les « hydros » avec un retour à un certain cérémonial de rentrée par exemple, de spécialiser les sites avec la polémique que cela a constitué au Havre, de revoir toute la pédagogie, de faire en sorte que les cours soient de l’ENSM et non pas de tel ou tel professeur, d’assurer une formation continue des enseignants, de créer un conseil des études associant les professeurs, les élèves et des personnalités qualifiées, etc.

Pour 2015/2016, la priorité est à la pédagogie. Sans oublier l’immobilier avec le transfert de 500 à 600 élèves de Sainte-Adresse vers le centre du Havre et l’installation de la direction générale. Pour occuper tous les locaux disponibles, l’École de management de Normandie sera colocataire du nouveau bâtiment. Ses 6 600 m2 de locaux d’enseignement permettent d’interconnecter tous les simulateurs dont dispose l’école pour modéliser le fonctionnement d’un navire et s’entraîner durant 48 heures d’affilée. La résistance au stress ou à la fatigue pourra ainsi être testée.

Des problèmes à résoudre

Trouver des enseignants STCW est « difficile », d’autant que le CDI est interdit et que les jeunes anciens navigants refusent d’être payés aux conditions de l’administration, constate le d.g. Les contraintes budgétaires sont lourdes d’autant qu’il est exclu d’augmenter trop fortement les droits d’inscription. Pour assurer la formation continue des enseignants faut-il encore avoir des ressources professionnelles qui sont rares. Certains professeurs pourraient aller retrouver la vie de marin durant quelques jours afin de se reconnecter avec la réalité.

De « gros » retards sont à rattraper en matière de pédagogie et pas uniquement en anglais courant, a expliqué François Marendet. Le niveau des candidats, depuis deux à trois ans, préoccupe également le directeur: « Nous payons les lacunes des réformes passées. » Les capacités à prendre des notes et au travail personnel sont largement perfectibles. Cela explique que le nombre de candidats reçus est inférieur au nombre de places ouvertes au concours. Pour la première fois de la longue histoire des hydros en France, les candidats au concours A de 2015 auront à passer un entretien de motivation. Ils auront également à résumer en bon français cinq à six pages rédigées en anglais.

Le déroulé des cours est à repenser car on s’est « aperçu » en écoutant les bords qui avaient encadré des stagiaires de première année que ces derniers ne connaissaient pas les règles de barre qui ne sont pas enseignées en première année…

François Marendet a aussi noté que l’armateur a généralement un mal fou à estimer ces besoins à cinq ans, ce qui ne facilite pas les prévisions de l’ENSM en matière de capacités nécessaires. L’objectif final est de former entre 100 et 120 jeunes officiers de la filière A par an. « Je ne sais pas si l’école est sauvée mais elle se redresse », a conclu son directeur.

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