La ligne transmanche Dieppe-Newhaven a enregistré en 2014 un léger recul du fret transporté (− 3 % en tonnage) à 1,2 Mt (36 370 camions et 1 695 remorques non accompagnées) avec deux navires et deux rotations. Mais c’est une progression de 13 % par rapport à l’année 2007 avec deux navires et trois rotations.
Cette très ancienne ligne transmanche est actuellement opérée avec deux navires par l’armateur DFDS Seaways pour le compte du département de Seine-Maritime dans le cadre d’un contrat de délégation de service public (DSP). Prolongée d’un an, cette DSP (2006-2014) prendra fin le 31 décembre 2015.
D’ici là, « de nouvelles modalités juridiques et financières devront être arrêtées », indique Jean-Pierre Lucas, le responsable du pôle aménagements et mobilités au département de Seine-Maritime, chargé du dossier transmanche. C’est la feuille de route du cabinet Ernst & Young, mandaté par le Département.
Même si le nouveau président (UDI) du département, Pascal Martin, déclare vouloir continuer à soutenir cette ligne maritime non rentable, il n’est pas certain que l’on repartira le 1er janvier 2016 avec une DSP, ni avec un seul financeur public. Pascal Martin souhaite ouvrir le cercle des financeurs à l’agglomération de Dieppe et à la Région de Haute-Normandie qui en assure la gestion directe depuis 2007 (décentralisation des ports d’intérêt national) au travers d’un syndicat mixte.
« Compensation » de DSP
La « compensation » de DSP supportée par le département de Seine-Maritime s’élève à 14,5 M€ par an. Pour 2015, elle devrait approcher 18 M€, selon nos informations, compte tenu de la mise en place d’une troisième rotation entre mai et septembre. Après trois semaines d’exploitation de cette rotation saisonnière, Pascal Albert, responsable des opérations de DFDS à Dieppe, estime qu’elle « répond aux attentes des clients ». De son côté, Jean-Pierre Lucas constate que le « début d’année est en forte augmentation ». Le trafic des remorques non accompagnées au départ de Dieppe contribue à ce dynamisme, notent à la fois Pascal Albert et Jean-Pierre Lucas.
Flash-back. Depuis la mise en service du tunnel sous la Manche en 1994, la ligne maritime Dieppe-Newhaven cherche son modèle économique. Plus personne ne croit en la rentabilité de cette ligne et le débat porte sur le moyen de la faire vivre au nom du service public rendu deux côtés de la Manche. Après le désengagement de Stena Line en 1999 suivi de l’arrêt de la ligne, le département de Seine-Maritime avait répondu au lobbying des transporteurs et acteurs dieppois en reprenant la ligne en gestion directe et en faisant l’acquisition du port britannique de Newhaven. Constatant que l’on ne s’improvisait pas armateur, le département (devenu socialiste) a décidé en 2006 d’en confier la gestion à un opérateur maritime privé (LD Lines, filiale de Louis Dreyfus Armateurs) dans le cadre d’une délégation de service public.