« L’année 2015 est importante. Le trafic portuaire semble reparti à la hausse et il faut agir maintenant », a commencé par déclarer Fotis Karamitsos. Pour mener une véritable politique européenne des ports, « ne laissons pas les cours de justice faire de la politique à notre place ». Et de continuer que la version de ce paquet portuaire est différente des autres en reconnaissant les ports et en légiférant là où le besoin s’en fait sentir. Il a réaffirmé que la transparence financière dans les ports est une condition sine qua non de ce paquet portuaire. « En octobre 2014, un texte raisonnable a été adopté par la commission. Après les élections européennes, le projet revient sur le devant de la scène et nous espérons une adoption parlementaire pour le second semestre ».
Le passage devant le Parlement européen est préparé par Knut Fleckenstein, rapporteur de ce texte. « De nombreux amendements ont été proposés qui se sont avérés nécessaires », a continué Fotis Karamitsos.
Knut Fleckenstein a profité de sa tribune pour expliquer son point de vue. « Nous n’avons pas besoin de bureaucratie ni d’une politique uniforme. Il faut adopter une approche pragmatique », a commencé le rapporteur parlementaire. Le point essentiel de ce rapport repose sur une plus grande autonomie des ports et une transparence financière des fonds reçus par les États. L’autre point important de ce rapport est d’exclure de ce paquet portuaire l’accès au marché et de plaider pour une organisation plus flexible des modèles portuaires.
Concernant les infrastructures portuaires, il s’est dit « ne pas être un grand ami des réglementations sur les aides d’État. J’espère que la DG Competition acceptera d’inclure les ports dans les exemptions. Nous pouvons trouver un compromis sur un texte intégrant la transparence financière, mais le vote n’est pas encore défini. J’espère qu’il interviendra cette année ».
Pour Elissavet Vozemberg, parlementaire européenne du groupe EPP, la transparence financière des ports est un gage d’amélioration de l’efficacité des ports. Elle a plaidé pour une autonomie des ports sans omettre d’y ajouter les charges liées aux infrastructures portuaires. De plus, elle a demandé que les plus petits ports soient exclus de cette transparence, pour leur permettre de survivre. Miltiadis Kyrkos, parlementaire du groupe SD et membre du comité transport du Parlement européen, s’est dit rassuré de voir l’accès au marché exclu pour certaines professions et a appelé à créer un cadre « contemporain des ports ».
Des réactions divisées
Dans la salle, les réactions des directeurs de ports n’ont pas été unanimes. Du côté d’Eddy Bruyninckx, président du port d’Anvers, l’optimisme est de rigueur. « Nous avons besoin d’une telle législation. Nous pouvons utiliser cette plate-forme pour s’assurer d’avoir une réelle transparence. Nous devons saisir l’opportunité de ces discussions autour des ports pour revoir d’autres directives comme celle sur l’habitat ou sur les oiseaux. » Pour Giuliano Gallanti, président du port de La Spezia, les gouvernements nationaux vont en sens contraire. Il cite l’exemple de l’Italie qui vient de créer une agence nationale qui mettra un terme à l’autonomie portuaire. « Nous ne pouvons gouverner à la place de vos gouvernements », lui a répondu Knut Fleckenstein. Mais Giuliano Gallanti s’est posé en sceptique. « Cette politique ira-t-elle au fond du dossier? Avons-nous vraiment besoin d’une politique européenne sur ce sujet? La transparence financière n’est pas si importante. » Du côté du Pirée, un des responsables est intervenu pour honorer Knut Fleckenstein. « Vous êtes un héros grec, M. Fleckenstein. Vous avez su faire des compromis pour mener à bien ce texte. » Néanmoins, et le sujet devra être discuté au Parlement européen, « il ne faut jamais oublier que les ports sont gérés comme des entreprises et nous avons besoin de travailler avec des sociétés privées. »