Le 1er juin, la Fédération nationale des ports et docks-CGT (FNPD-CGT) a diffusé une critique du projet Seine-Nord Europe (SNE): « Si le gouvernement actuel considère que ce dossier est une priorité et une opportunité exceptionnelle, à l’inverse, nous constatons que celui-ci va à l’encontre de l’intérêt des ports français qui depuis des décennies souffrent du désengagement chronique des gouvernements successifs qui les condamnent, d’un point de vue financier et opérationnel, à être en Europe définitivement en retrait de leurs concurrents. » Elle « exige des garanties pour que les financements de l’État, des régions et de l’Europe participent aux besoins de tous les secteurs d’activité du transport fluvial » et non pas seulement de SNE. Pour l’organisation syndicale, la stratégie portuaire doit avoir pour ambition de concurrencer Rotterdam, Anvers ou Barcelone sur leur propre hinterland en élargissant son horizon à l’Allemagne, la Suisse, l’Europe centrale et du Sud. « Cette vision nécessite une dynamique d’investissement en infrastructures portuaires et ferroviaires qui n’est pas toujours à la hauteur. »
Un outil de plus
La FNPD-CGT s’interroge: « Ne serait-il pas plus judicieux de résoudre les maux des ports français avant de financer et de réaliser ce canal? Les 2 Md€ que doivent verser l’État et les collectivités ne seraient-ils pas plus utiles au développement de nos ports? » La FNPD-CGT estime que « ce projet doit être mis en place uniquement dans le cadre d’une véritable politique portuaire nationale ». À défaut, le « projet de canal ne sera qu’un outil de plus pour faciliter le développement des ports belges, néerlandais et allemands, reléguant les ports français au deuxième plan et privant le pays d’une possibilité de développement économique considérable ».
Choisir entre Seine-Nord ou le port ducv Havre
Après les CCI de Normandie, le maire du Havre et d’autres, Jacques Attali, conseiller d’État honoraire, a indiqué le 1er juin sur son blog: « L’avenir d’une nation se décide […] par l’avenir de ses ports, par lesquels transitent encore 80 % du commerce mondial. En France, l’essentiel des marchandises passe aujourd’hui par les ports d’Europe du Nord, et le reste par quelques ports français, dont Le Havre et Marseille sont les deux premiers. La décision à prendre était de savoir si on tente de donner un avenir aux ports français ou si on y renonce en améliorant les capacités de transit du cœur de notre pays, l’Ile-de-France, vers les ports d’Europe du Nord. » Jacques Attali estime que le gouvernement a décidé de manière « clandestine » de réaliser le canal au détriment du renforcement du port du Havre. « C’est le pire choix possible, [celui] qui détruit Le Havre au bénéfice d’Anvers et de Rotterdam. »