Depuis le 19 mai, une certaine émotion se manifeste au sud-ouest de la mer de Chine méridionale (qui n’en a pas spécialement besoin; voir p. 13): des journaux chinois évoquent la signature d’un accord de principe entre la Chine populaire et la Thaïlande pour le percement d’un canal au milieu de l’isthme de Kra. Une idée qui remonte au XVIIe siècle, sur laquelle l’ingénieur français de Lamar avait travaillé. La France pourrait-elle faire valoir des droits historiques?
Selon les médias chinois, il faudra dix années pour le construire et au moins 28 Md$. Le gouvernement chinois a précisé qu’il n’était pas derrière cette opération qui est une initiative privée. Cela dit, l’Université des Affaires internationales de Pékin a réalisé une étude de préfaisabilité pour le compte du Comité national pour l’étude du projet de percement du canal de Kra. L’accord aurait été signé entre the China-Thailand Infrastructure Investment and Development et l’Asia Union Group.
Quelques heures plus tard, le gouvernement de Thaïlande a démenti toute signature d’un accord de principe avec la Chine.
Puis ce sont des officiels chinois qui ont affirmé que leur gouvernement n’avait rien signé. Ballon d’essai pour tester les réactions ou simple erreur?
Éviter Malacca
Cet éventuel projet de creuser deux voies maritimes de 400 m de large chacune sur 102 km de long permettra d’éviter de passer par le très fréquenté détroit de Malacca, pour gagner la haute mer en sortie de mer de Chine. Un gain estimé à 1 200 km et 72 heures de navigation. Ce qui semble relativement modeste pour un navire de commerce mais probablement très important pour un bâtiment de guerre chinois, par exemple, devant aller et venir rapidement et facilement entre la haute mer et le sud du Viêt-Nam, éventuellement.
Les intérêts chinois semblent avoir une forte appétence pour le creusement des canaux. En septembre 2013, le groupe chinois Hong Kong Nicaragua Canal Development Investment a obtenu une concession de 50 ans pour creuser et exploiter un canal au Nicaragua. Coût estimé de l’opération, 40 Md$ dont 900 M$ de pré-étude.