Un quart de ces marchandises (232 000 t) a pris la di rection de l’Afrique, ce qui n’est pas une surprise pour une place portuaire fortement tournée vers les échanges Nord-Sud, et aux premiers postes sur l’Afrique de l’Ouest.
Au chapitre des mauvaises nouvelles, les farines en sacs (30 000 t) accusent une baisse de 65 % par rapport à 2013. Selon Patrick Bret, responsable Afrique et Dom-Tom pour le port, l’explication est notamment à chercher en Afrique de l’Ouest « qui s’est mise à fabriquer elle-même sa farine ». On aura d’ailleurs relevé que le groupe céréalier Beuzelin qui vient d’annoncer la construction d’un silo sur le port de Rouen a prévu comme ses confrères de la place (dont Senalia) de fournir en blé tendre les meuniers africains. Il faut noter aussi qu’une part des farines en sacs est conteneurisée avant exportation et n’est donc plus comptabilisée en sacherie.
Les tableaux du GPMR montrent que Rouen n’a pas exporté de sucre en big-bags en 2014. La raison n’est pas à chercher dans les performances du port de Rouen, mais dans la remise en cause par l’OMC du règlement sucrier européen qui permettait aux Européens d’écouler leurs stocks d’invendus à un prix minimum garanti par l’UE. Ce mécanisme protecteur pour les Européens a été supprimé à la suite d’une plainte déposée par plusieurs pays producteurs de sucre (de canne) qui accusaient les Européens de dumping. Traditionnellement exportateur de sucre (en sacs, en vrac, et en conteneur), le port de Rouen se trouve donc dans une impasse. Mais celle-ci est peut-être de courte durée. Pierre-Marie Hebert, le directeur de l’Union Portuaire Rouennaise (UPR) estime que Rouen a de bonnes chances de renouer avec le sucre dans l’avenir en raison de la libéralisation du marché européen du sucre en 2017. « Avec son hinterland de producteurs de betteraves, le port de Rouen devrait être bien placé à l’avenir sur ce trafic ». En attendant, Rouen continue de jouer la carte des trafics à forte valeur ajoutée avec les colis lourds. Ceux-ci enregistrent une progression de 22 % à 255 350 t. Cela concerne les matériels de chantier et engins divers, mais aussi les éléments d’éoliennes terrestres (pales, mâts et nacelles). Fierté du port de Rouen en raison du savoir-faire qu’il implique, les éoliennes ont doublé en 2014 pour atteindre 51 000 t.
La capacité de Rouen à traiter tous types de trafics, notamment industriels, avait été soulignée le 19 février lors de la journée « Rouen, port français du breakbulk », organisée par le GPMR et l’Union Portuaire Rouennaise. « Nous proposons à nos clients du cousu-main, du sur-mesure » avait déclaré Eric Dubes, président du syndicat des manutentionnaires du port de Rouen et directeur de la Somap. Flexi France (groupe Technip) qui fabrique, dans son usine du Trait (en bord de Seine en aval de Rouen), des conduites flexibles sur mesure pour l’extraction de pétrole et de gaz en mer, met avant l’expertise de Rouen dans le transport de colis lourds; très impliqué lui-même dans la logistique fluviale, le groupe Technip vient d’équiper le quai du Trait d’une nouvelle grue d’une capacité de 500 t et procède à l’allongement et l’approfondissement de son poste à quai.
Bois d’eucalyptus pour le papetier thaïlandais Double A
Les engrais en sacs (33 000 t dont 29 000 t de nitrate d’ammonium) ont connu peu d’évolution, tout comme les produits papetiers et forestiers. La pâte à papier se maintient à 251 000 t, dont 55 000 en provenance de Finlande. Elle est destinée aux fabricants de papier de l’hinterland de Rouen, précise le GPMR. À noter: 23 000 t de pâte pour le compte du papetier thaïlandais Double A, qui a racheté en 2013 la papeterie d’Alizay (ex-M-Real) dans l’Eure et signé sa première implantation en Europe. Après avoir redémarré la machine à papier alimentée avec de la pâte importée de Thaïlande, le papetier a racheté l’unité de pâte intégrée au site afin de produire sur place sa propre pâte à partir de bois d’eucalyptus qu’il va faire venir de Thaïlande. Ce trafic représentera un Mt de copeaux de bois d’eucalyptus par an, a précisé Nicolas Occis, le directeur général du Grand Port Maritime de Rouen au Propeller Club le 24 avril. Le GPMR va participer à la réalisation d’un « terminal public fluvial » à Alizay, qui sera destiné à la fois aux approvisionnements de Double A en matière première et aux trafics de vracs sur la Seine, dont les gravats pour les carriers.
En ce qui concerne le bois, 122 000 t ont été déchargées à Rouen en 2014 en provenance de Finlande, de Russie, de Lituanie et d’Espagne. Un trafic stable essentiellement traité à Honfleur (113.000 t) et son terminal spécialisé opéré par le belge Sea Invest. Ces bois sont destinés au bâtiment (bois de coffrage) et à l’industrie de transformation (meubles et huisseries).
Les tubes en acier sans soudure de Vallourec
Les produits métallurgiques conventionnels sont en baisse (312 650 t, − 9,6 % par rapport à 2013 et − 16 % par rapport à 2012) en raison de la surcapacité européenne et de la tendance à la conteneurisation. Les tôles d’acier laminé (149 000 t) en provenance d’Italie, du Royaume-Uni et d’Espagne sont destinées à l’industrie automobile en région parisienne. Le GPMR importe par ailleurs d’Italie, des aciers plats sur le quai de Radicatel, destinés à la région parisienne. Il importe aussi pour l’industrie automobile des bobines de feuilles de métal (foils) fabriquées par Tata Steel au Royaume-Uni. À l’export, les produits métallurgiques reposent essentiellement sur Vallourec et son usine de Déville-les-Rouen (400 salariés) qui fabrique des tubes en acier sans soudure pour les puits de pétrole de la mer du Nord et du Moyen Orient. En 2014, l’Union Rouennaise d’Acconage (URA) a traité 15 000 t de tubes Vallourec sur le terminal de Croisset, un chiffre en recul. En sous activité importante, l’usine pourrait être touchée par la restructuration annoncée le 29 avril par la direction du groupe; une chose est sûre, la collaboration mise en place entre l’industriel et l’opérateur URA sera un atout pour la préservation partielle du site.