Cette commission est actuellement dirigée par Patrick Maletras, le président de Tramar. « En 2010, les commissionnaires de transport avaient déjà conscience que le secteur conventionnel pouvait apporter une plus value importante.
Mais le problème, c’est que tout le monde allait sur ce marché chacun de son côté. D’où l’idée de créer une commission réunissant tous les acteurs. Nous sommes ainsi une trentaine: opérateurs fluviaux, transporteurs routiers, armateurs, manutentionnaires, commissionnaires de transport, transitaires et acteurs du remorquage. Cette commission se réunit deux fois par an. Nous avons regardé ce qui se passait chez nos concurrents des ports du Nord et nous avons trouvé une voie économique viable. Par le passé en effet, nous étions insuffisamment positionnés sur les coûts ce qui n’est plus le cas aujourd’hui » rappelle Patrick Maletras. Le travail de la commission a également consisté à définir des quais et des accès sur le port. Le Havre dispose ainsi de 13 postes spécialement dédiés. Côté équipements, le port possède une bigue terrestre d’une capacité de 650 t. « Nous l’utilisons pour tous les navires non bigués et les colis de plus de 100 t. Cette bigue a été installé pour notre client EDF afin de manutentionner régulièrement des colis de 450 à 480 t. Elle peut être utilisé pour charger des camions mais aussi et surtout pour des chargements de navires à barges ou de barges à navires », précise Patrick Maletras. La barge automotrice Navy Blue qui est présente à la fois au Havre et à Rouen est également utilisée pour des manutentions tant verticales qu’horizontales. Elle peut supporter une charge de 1 200 t grâce à un système de ballastage. Au Havre, il est possible de charger jusqu’à 90 t sur les porte-conteneurs. Pour les navires non bigués, on peut aller jusqu’à 100 t. De manière générale, les colis sont acheminés à 65 % par porte-conteneurs, 20 % par navires spécialisés et à 15 % par navires rouliers.
Et aujourd’hui les résultats sont là, puisque l’activité en cinq ans n’a cessé de se développer dans le cadre d’Haropa. De 150 colis traités en 2010, le port est passé à 450 colis en 2012 puis à 700 en 2013 pour aboutir à 1 080 colis en 2014. Une progression spectaculaire donc.
« Nous avons de gros clients comme Technip, Total, Exxon Mobil, Dresser-Rand mais aussi la société FMC Technologies avec ses bras de chargement de gaz liquide, la société est cliente au Havre depuis deux ans et demi, cela faisait plus de 30 ans que nous n’avions pas vu une expédition FMC au Havre.Il y a également la société Charlatte pour le transport de gros réservoirs. On peut citer aussi Prysmian pour le transport de tourets de câbles à haute tension ou encore Silec pour les câbles d’énergie. Tous ces clients utilisent régulièrement le port du Havre. Ils représentent à eux seuls près de 500 colis par an. C’est essentiellement la filière industrielle qui stimule l’activité », analyse Patrick Maletras. Autre activité qui se développe au Havre, le transport de yachts.
Sur les quais, la productivité est également au rendez-vous. L’embarquement d’un colis sur un navire conteneurisé ne prend que six minutes. Pour le président de la commission, il est indéniable que le dynamisme havrais porte ses fruits plus largement sur l’axe Seine et donc sur Haropa. Un exemple: la liaison établie entre le port fluvial de Gron en Bour gogne et l’axe Seine, via l’Yonne a permis de développer fortement l’activité. « Cela permet d’ouvrir des marchés. Par rapport au routier, les industriels font des économies en utilisant le fleuve. Un colis exceptionnel qui transite par la route nécessite des autorisations qui peuvent demander un délai de quatre à huit semaines sans compter les contraintes de circulation. L’autorisation d’un transport fluvial, elle au contraire, est courte. Elle peut s’obtenir dans un délai d’une semaine maximum ».