Les Scop, un modèle à suivre dans le maritime

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La plus ancienne coopérative de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la société coopérative du lamanage des ports de Marseille et du Golfe de Fos, a vu le jour en 1946. Accueillant le 31 mars dernier, les principales coopératives régionales sur l’un de leurs navires, les lamaneurs n’étaient pas peu fiers d’expliquer que l’entreprise connaît une paix sociale à toute épreuve.

« Nous n’avons jamais connu un seul jour de grève. Pourtant, nous avons subi de nombreux aléas, traversé les difficultés liées à la réforme du port. À la fin des grèves, tous les lamaneurs étaient sur le terrain pour travailler. Nous adaptons les charges en fonction de l’activité. En octobre 2010, nous ne nous sommes rien partagé car le chiffre d’affaires équivalait aux charges de l’entreprise. Socialement, ce fut difficile mais la survie de l’entreprise en dépendait », explique Franck Rossi qui préside depuis 2007 la société coopérative de Lamanage de Marseille-Fos. Avec 81 marins associés, cette SA à conseil d’administration est également la plus imposante en Provence en terme d’effectifs.

Un des secrets de sa réussite et de sa longévité? Tous les associés sont sur un pied d’égalité avec comme principe un marin, une part. « Si demain je n’étais plus président, je retournerais sur les quais. J’essaye de servir au mieux les intérêts de la coopérative », précise Franck Rossi. Il semble ainsi que le modèle de la SCOP soit particulièrement adapté aux entreprises maritimes souvent victimes de mouvements sociaux.

La reprise d’entreprises en difficulté: 9 % des SCOP

La reprise d’entreprises en difficulté ne représente que 9% du nombre de créations de SCOP.

Ainsi, Seafrance renaissait-elle de ses cendres en 2012 sous la forme d’une SCOP. Néanmoins, le placement de la société sous sauvegarde de justice, le 30 avril dernier témoigne des difficultés de gestion RH qui opposent la SCOP et le directoire de MyFerryLink.

Pour 68 % d’entre elles, les coopératives sont créées ex nihilo par des salariés porteurs d’un projet collectif et 21 % résultent de la transmission d’entreprises saines. « Les entreprises sont gouvernées par des salariés associés sur le principe un associé, une voix. Une répartition équitable des bénéfices et des réserves impartageables permettent de consolider les fonds propres, de se développer et d’investir », souligne Peggy Capdevielle, chargée du développement à la Délégation régionale des SCOP PACA-Corse.

« La qualité de vie au travail est supérieure au sein des coopératives »

Autrefois taxées de vieillottes, les coopératives sont remises au goût du jour en alliant performance économique et sociale. « Les SCOP disposent d’un accès à l’information renforcé, l’autonomie dans le travail est revendiquée. La combinaison de ces deux éléments constitue une des composantes de la satisfaction au travail et de la capacité des individus à s’investir. La SCOP représente un apprentissage démocratique et socio-technique et répond à l’exigence du plaisir d’exercer un métier », affirme Nadine Richez-Battesti, économiste et directrice du Master Ressources Humaines, spécialité Economie Sociale et Solidaire: organisations et projets (RH-ESS) l’Université d’Aix-Marseille.

Les SCOP peuvent opter pour le statut de SA, de SARL et, depuis le 1er août 2014, de SAS. « Nous avons besoin de changer d’image et de nous faire connaître. La qualité de vie au travail est supérieure au sein des coopératives. La force de ce modèle réside dans l’équilibre entre pouvoir de direction et fonctionnement démocratique », souligne Alain Maïssa, président de la Délégation régionale des Scop PACA-Corse.

La France recense 2 252 coopératives représentant au total 45 700 emplois. En 2013, elles ont réalisé un chiffre d’affaires de 3,9 Md€.

La région PACA reflète cet engouement avec plus de 256 SCOP et Scic(Sociétés coopératives d’intérêt collectif) en 2014 rassemblant près de 2 500 salariés. « Nous sommes présents à 68 % dans les services, 20 % dans le BTP et 12 % dans l’industrie », relève Peggy Capdevielle.

Sur les trois dernières années, les coopératives portent 4 % des créations d’emplois annuelles. Pérennes, les Scop ont un taux de survie supérieur à 30 % qui résulte de la forte mise en réserve des bénéfices.

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