Le 23 avril, les États membres de l’UE doivent présenter un plan en dix points pour tenter de résoudre le problème auquel ils n’ont pas beaucoup prêté attention durant de long mois, Italie exceptée. L’ouverture de la boîte de Pandore libyenne par la France et la Grande-Bretagne, soutenues par les États-Unis, a rapidement permis la création d’un nouveau flux d’immigration illégale. L’île italienne de Lampedusa est aux premières loges pour récupérer les survivants. Devant l’émotion de l’opinion publique italienne à la suite de la perte en mer de 366 personnes en octobre 2013, le gouvernement italien monte seul une opération de recherche et assistance (SAR), Mare Nostrum. Il demande rapidement l’aide des autres États membres. Devant l’absence de réaction, il met un terme à cette coûteuse opération à la fin de 2014. Le 1er novembre 2014, l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, reprend le flambeau avec beaucoup moins de moyens et surtout un autre objectif: protéger les « frontières » maritimes de l’Italie. La recherche et l’assistance passent au second plan. L’ONU et ses diverses agences spécialisées multiplient les appels à la prise en charge du problème. Le nombre des morts et disparus augmente, sans surprise.
Synchronisation avec les navires marchands
Un communiqué de Frontex indique que le départ des bateaux utilisés par les passeurs est synchronisé avec le passage au large de navires marchands. Ces derniers ont l’obligation de leur porter assistance. Avec un équipage de 25 à 30 personnes, ils embarquent donc, comme ils peuvent, cent, deux cents, trois cents migrants (ou supposés migrants), voire plus. Début mars, lors de la semaine européenne du shipping, les armateurs européens ont rappelé à la commissaire chargée des Transports, Violetta Bulc, que leurs navires et leurs équipages n’ont pas vocation à se substituer aux États qui n’assurent pas leurs prérogatives européennes. « Pour le moment, cela semble sans solution », leur a répondu Violetta Bulc (JMM du 13/3, p. 11).
Les associations des armateurs de la communauté européenne et la Chambre maritime internationale (CMI) ont, le 21 avril, diffusé un communiqué cinglant invitant les États membres à augmenter immédiatement les moyens affectés aux opérations SAR et à mettre en œuvre un programme Mare Nostrum européen. « L’Italie, Malte et les autres nations européennes ainsi que les navires marchands sur qui repose l’assistance en haute mer de plusieurs centaines d’immigrés à la fois ne peuvent plus faire face à la situation sans le soutien collectif de tous les États membres qui doivent agir sans délai », a estimé le secrétaire général de la CIS.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a souhaité « davantage de solidarité financière » envers les pays européens touchés par l’immigration massive en Méditerranée, rapporte l’AFP.