Cinq ans après la fermeture de la raffinerie des Flandres à Dunkerque, le groupe pétrolier Total poursuit la restructuration de son activité raffinage en France, dont il est l’un des leaders. Le 16 avril, le plan présenté aux instances représentatives du personnel de Total puis à la presse par le p.-d.g. Patrick Pouyanné, prévoit d’arrêter le traitement de pétrole brut à La Mède fin 2016. À la place, d’autres activités vont y être développées comme la production de biodiesel à partir d’huiles végétales, d’hydrogène et d’additifs. La réalisation d’une plate-forme logistique est aussi prévue ainsi qu’un centre de formation aux métiers du pétrole. Tous ces projets bénéficient d’un investissement de 200 M€. Cette conversion du site de La Mède va entraîner la suppression de 180 postes sur un total de 430. La réduction des effectifs devrait s’étaler jusqu’en 2021. La direction de Total a assuré qu’il n’y aurait « aucun licenciement » grâce à un recours à des départs en retraite, à des mesures d’âges y compris des retraites anticipées. Elle a aussi précisé que « les reclassements du personnel » priviligéraient des sites dans la même région, notamment chez Naphtachimie, entreprise voisine de La Mède. Ce site subit des pertes de 150 M€ par an depuis plusieurs années. Les évolutions prévues ont pour objectif de le rendre à nouveau rentable.
Des syndicats plutôt soulagés
Le plan présenté par Total comprend aussi 400 M€ d’investissements pour moderniser le site de Donges car « c’est une belle raffinerie, bien positionnée sur la façade Atlantique », selon Philippe Sauquet, directeur de la branche raffinage et chimie du groupe, même si elle affiche des pertes de 50 M€ depuis plusieurs années. L’évolution de Donges devrait permettre de produire des carburants d’une teneur diminuée en soufre conformes aux normes européennes et de l’OMI suite à l’annexe VI de Marpol en vigueur depuis le 1er janvier. Les syndicats ont déploré les suppressions de postes mais souligné les efforts de reconversion. L’appel de la CGT à la grève à LaMède a été suivi pendant deux jours après les annonces de la direction.
De moins en moins de raffineries en France
Avec la reconversion de la raffinerie de La Mède, la France ne comptera plus que sept raffineries de pétrole en activité, contre 12 en 1999 et 20 avant les chocs pétroliers des années 1970. Ces sept sites sont: Gonfreville-l’Orcher, Donges, Feyzin, Grandpuits, Notre-Dame-de-Gravenchon, Fos-sur-Mer, Martigues. Trois fermetures ont eu lieu récemment: le site de Total à Dunkerque en 2010, ceux de Petroplus à Reichstett en 2011 et à Petit-Couronne en 2013. Le site de LyondellBasell sur l’étang de Berre est « sous cocon » depuis 2012 et a peu de chance de redémarrer un jour. « La restructuration du raffinage en France va se poursuivre, elle est nécessaire, de même qu’en Europe », avait averti Francis Duseux, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip) en mars, soulignant que les pertes structurelles enregistrées par certains sites n’étaient pas tenables. Le secteur représente environ 7 500 emplois directs et 30 000 emplois indirects en France, selon l’Ufip.