Le Portugal est au premier chef concerné par ces limitations: l’Angola est son cinquième partenaire économique. Lisbonne exporte essentiellement vers Luanda des machines et des outils, des produits alimentaires et des métaux: soit 53,7 % du total exporté. L’appareillage mécanique (472 M€), les machines électriques (371 M€) et les boissons (330 M€) se sont taillé la part du lion en 2014, selon les chiffres fournis par la CCIPA, la chambre de commerce et d’industrie Luso-angolaise à Lisbonne. En janvier 2015, l’Angola a annoncé pour la première fois la création de quotas d’importations. Ils concernent essentiellement les produits alimentaires de base: farines de blé et de maïs, sucre, sel, riz et huile alimentaire. Ensuite on trouve les boissons: eaux, sodas, bière et vins. C’est donc en grande partie le marché (production et transports portugais) qui est affecté. L’Angola a annoncé également son intention de valoriser le transport en vrac afin de dégager une plus-value, grâce à la transformation sur place.
Cinq entreprises se répartissent le fret
La majorité du transport de marchandises se fait essentiellement par voie maritime depuis Lisbonne. Cinq entreprises se répartissent le fret: Mærsk, Nile Dutch, PSL, Grimaldi et Eurafs. La situation de manque de devises crée du retard dans l’approvisionnement: une centaine de conteneurs seraient bloqués dans le port de Lisbonne. Ni le port, ni le ministère de l’Économie n’ont souhaité communiquer sur la question. Les chargeurs quant à eux « reconnaissent des retards dans l’ouverture des crédits documentaires », selon le CPC, le conseil des chargeurs portugais. « Les 9 000 entreprises portugaises qui fournissent l’Angola vont devoir s’adapter à la nouvelle réalité. Et par conséquent, les transporteurs également. L’Angola a annoncé son intention d’assurer 60 % de ses besoins alimentaires. La solution pour le Portugal passera sans doute par une meilleure implication ou une implication diversifiée des entreprises sur le territoire angolais », explique Paulo Varela, qui dirige la CCIPA. Actuellement, l’Angola envisage de développer le port de Lobito (à 700 km au sud de Luanda, la capitale). « Grâce au réseau de chemin de fer de la région de Benguela, les pays limitrophes de l’Angola pourront disposer d’un accès maritime. Le savoir-faire portugais sera très intéressant en la matière », a confirmé l’ambassadeur d’Angola au Portugal.