Les deux grands postes d’échanges avec l’Afrique de l’Ouest s’appuient sur le bois en importation, le grain en exportation. Le trafic de céréales représente 1,67 Mt, soit 39 % des expéditions totales de céréales à partir de La Rochelle. Les principaux pays destinataires sont le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Nigeria, la Mauritanie et, plus timidement, la Guinée Conakry et la Gambie.
La quasi-totalité de ces chargements concernent du blé. Ce trafic existe depuis de nombreuses années. Pour les pays francophones, il est fortement lié à la transmission des savoir-faire en matière de panification et, aujourd’hui, aux relations fortes qui unissent moulins français et africains.
À l’importation, c’est le bois qui domine. Même si les volumes sont sans commune mesure aujourd’hui avec ceux d’il y a dix ou vingt ans, La Rochelle reste le premier port français pour le bois. Les grumes poursuivent leur inexorable baisse. En 2006, quand le port est devenu autonome, elles représentaient 270 000 t. L’an dernier, le chiffre était tombé à 40 000 t. Les autres produits, sciages et placages, se maintiennent mieux, mais l’Afrique de l’Ouest se fait supplanter par d’autres pays fournisseurs.
Sur 850 000 t de produits forestiers, le trafic en provenance d’Afrique de l’Ouest ne représente plus que 129 000 t, soit 15 %. Les deux principales origines sont le Gabon (52 000 t) et le Cameroun (51 000 t), suivis du Congo (10 000 t), de la république démocratique du Congo (8 000 t) et de la Côte d’Ivoire (5 000 t). À l’exception du Gabon, dont les importations restent stables, tous les autres pays ont vu leurs trafics vers La Rochelle se réduire l’an dernier de 10 % à 35 %.
L’activité est clairement en perte de vitesse. Plusieurs raisons à cela. Pour les grumes, certains pays ont désormais interdit leur exportation, ceci dans le but de conserver sur place la plus-value de la première transformation. D’autre part, les règles pour l’entrée en Europe se font de plus en plus strictes. Ces règles garantissent les coupes, les méthodes d’exploitation de la forêt et leur qualité « durable ». Enfin, la Chine est devenue un énorme concurrent des importateurs français, et beaucoup moins regardant sur les règles d’exploitation des forêts africaines ni même sur la légalité des coupes. Plus gênant encore, rendu en Europe, le contreplaqué fabriqué en Chine avec des essences d’Afrique coûte moins cher que celui fabriqué en Afrique à partir de ces mêmes essences…
Manifestations de Greenpeace
Viennent en plus les problèmes logistiques: faible tirant d’eau dans certains ports, délais d’attente trop long dans d’autres. Les difficultés croissantes liées à l’approvisionnement en Afrique ont poussé certains clients traditionnels, et notamment les dérouleurs présents dans le marais poitevin, à se tourner désormais vers des essences locales comme le pin maritime ou le peuplier.
Le port de La Rochelle a vu l’an dernier débarquer à deux reprises des militants de Greenpeace venus dénoncer les trafics de bois tropicaux en provenance du Congo. Début mars de cette année, Greenpeace a encore déposé une grume présentée comme illégale devant le ministère de l’Écologie et qui aurait été achetée à La Rochelle. Pourtant, « le bois qui entre dans le port a été vérifié, cadré », assure Dominique Marquis, directeur de la relation client. Le RBUE, règlement bois de l’Union européenne, est appliqué et, depuis début mars, l’association des importateurs et négociants français est habilitée à délivrer un blanc-seing sur ces importations. « Cela devrait mettre fin aux escarmouches. » Le port va encore au-delà et prépare une charte de fonctionnement avec les négociants en bois, ceci dans le cadre de la charte de développement durable du trafic portuaire.