La demande européenne en pétrole se réduit d’année en année. Pour 2014, la chute a été selon l’Opep de − 1,5 %, ce qui s’avère être une baisse moins importante qu’en 2013. On sait que la réduction du parc européen de raffinage se traduit par moins de brut importé au profit des produits raffinés. On le constate pour le port russe de Primosk qui a exporté 16 % de pétrole brut en moins l’an dernier.
L’analyse tend à dire que par sa position centrale et la consolidation des activités de stockage, ARA (Amster dam, Rotterdam, Anvers) reste la plate-forme continentale pétrolière privilégiée. Les flux sont contradictoires. En 2014, le brut a augmenté à Rotterdam (+ 4,8 %) et les raffinés ont régressé. Anvers voit ses deux trafics en croissance (6,4 % et 6,8 %) et Amsterdam ses produits raffinés stockés en très grand volume (+ 2 %).
En France, la mutation pétrolière est en cours. Le brut recule au Havre (− 2,8 %) et à Marseille (− 8 %), les raffinés progressent (+ 4,8 % pour l’un, + 8 % pour l’autre). Il faut rappeler que pour Marseille, il y a aussi la perte de l’approvisionnement de la raffinerie de Karlsruhe qui profite maintenant à Trieste.
Les paramètres du GNL en Europe n’ont pas changé en 2014. L’Europe en convalescence n’a pas encore besoin de gaz, d’autant plus que les trafics imposés par la demande asiatique rendent le GNL peu compétitif en Europe. Le gaz est toujours en berne à Zeebrugge (− 6 %), à Bilbao (− 38 %), à Barcelone (− 5 %), à Marseille (− 22 %) et à Nantes Saint-Nazaire (− 42 %). À La Spezia, le volume n’est que de 49 000 t.
Dans une grande mesure, l’Europe énergétique s’était tournée vers le charbon. L’élan charbonnier date de 2012 et donc les chiffres de croissance sont forcément moins forts. Si Amsterdam affiche + 8 % et Ham bourg + 0,6 %, Rotterdam indique − 0,9 % alors qu’Anvers est en train de voir disparaître son activité (− 35 % en 2014), divisée par six depuis 2007. En France, les ports dotés de centrale thermique (Nantes Saint-Nazaire, Le Havre) évoquent un hiver peu rude pour expliquer des flux en baisse.
Dans les ports sidérurgiques, le charbon profite de la reprise de la filière et cela se constate aussi dans les importations de minerais. La sidérurgie européenne a affiché en 2014 une croissance de 1,7 % en contraste avec le recul de 3 % de l’année précédente. Les flux de minerais progressent à Dunkerque et Marseille, mais aussi à Gijón, Amsterdam et Gand. À l’inverse, Rotterdam paye la maintenance de plusieurs aciéries de la Ruhr.
Les conteneurs sont de retour
La conteneurisation européenne a largement retrouvé des couleurs. Pour l’ensemble UE et Turquie, selon les données de CTS, les importations ont progressé de 5,22 % et les exportations de 6 % alors que l’intra européen fait un bon de 15,6 %.
Dans le range Nord, le sourire est revenu aux autorités portuaires avec + 5,8 % à Rotterdam, + 4,5 % à Anvers, + 13 % à Zeebrugge et + 9,7 % à Hambourg. Seul Bremerhaven affiche − 0,7 %. Les ports français prouvent que leur positionnement et leur développement récent les tirent vers l’avant, + 2,6 % au Havre et surtout + 7,3 % pour Marseille. Le port provençal est désormais proche de La Spezia (+ 1,8 %) et partage la performance élevée avec Gênes (+ 9,3 %) et Barcelone (+ 10,7 %).
Dans le sud de l’Europe, on doit regarder les performances des différents hubs. Valence retrouve des couleurs (2,64 %) et Algésiras maintient sa croissance régulière (+ 4,7 %). Dans la région, Sines franchit allègrement le million d’EVP (+ 32 %) et Tanger les trois millions (+ 20 %). Pour les autres hubs, si Gioia Tauro baisse (− 3,8 %), le terminal de Cosco au Pirée poursuit sa progression rapide (+ 19 %) alors que Port-Saïd (9 %) a réalisé une bonne année. Même sans chiffre disponible, on ne doute pas de la croissance des flux des ports turcs. En Baltique, si Gdansk progresse régulièrement (+ 3 %), St-Petersbourg (− 8 %) paye la situation politique russe.
Le roulier profite à Bremerhaven
Les ventes de voitures sont d’abord un indicateur macroéconomique de la consommation continentale. L’élan est notable avec + 4,8 % pour l’ensemble de l’Europe et + 5,7 % pour la partie occidentale du continent. Le gagnant du match des grands ports automobiles est Zeebrugge (+ 13 %) face à Bremerhaven (+ 4,2 %), permettant aux deux ports de faire jeu égal. Le voisin Emden, dédié à Volkswagen, profite des exportations du constructeur (+ 6 %). Les trafics de véhicules neufs sont aussi en hausse à Barcelone, Vigo et Göteborg, en revanche, ils reculent à Amsterdam et Anvers.
Pour le roulier de transbordement vers la Grande-Bretagne, l’état de l’économie britannique est bon et cela se traduit par des flux de camions en hausse à Douvres (+ 10 %), et naturellement cela se constate aussi à Calais (+ 10 %) et Dunkerque (+ 15 %). Les chiffres sont aussi positifs à Rotterdam (+ 8 %) et Zeebrugge (4,8 %). Caen est aussi bien orienté, mais dans une proportion moindre (2,6 %) alors que Cherbourg profite des flux irlandais (+ 5,5 %). D’ailleurs, cela se constate à Dublin avec des flux de camions en progression de 8 %.