Le Grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire a de nouveau chuté en 2014. La baisse légère de 2013 (− 0,8 %) cumulée avec celle de 2014 (− 4,3 %) pèse lourdement sur le bilan de ces deux dernières années. Au total, le port ligérien a perdu 11,6 % de son volume à 26,4 Mt, soit une diminution de 3,4 Mt. Pour Jean-Pierre Chalus, président du directoire du Grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire (GPMNSN), le trafic de 2014 « se situe dans la fourchette basse par rapport à nos volumes en année normale ».
Historiquement, Nantes Saint-Nazaire a bâti sa position sur les trafics énergétiques. Dès lors que les flux mondiaux connaissent des modifications, le port en subit par effet de ricochet les conséquences. Le GPMNSN a longtemps été composé à 75 % de trafics de pétrole brut, de gaz et de charbon. Si le premier courant affiche une augmentation en 2014, les deux autres filières ont baissé. Ainsi, le gaz naturel liquéfié s’évapore pour finir l’année à 1,25 Mt, soit une diminution de 2,4 %. Les achats de gaz par l’Asie et notamment le Japon à des prix élevés ont incité les opérateurs à vendre leur produit sur ce continent plutôt qu’en Europe. D’autre part, l’autosuffisance gazière des États-Unis a pesé. Des facteurs internationaux que le port ne peut maîtriser. « Nous sommes tributaires du marché international et des décisions des grands groupes internationaux. Il suffirait que l’économie reparte pour que nous changions le sens de cette courbe », a continué le président du directoire.
Le charbon en panne
Autre source d’énergie en panne, le charbon accuse un recul de 34,5 % à 1,22 Mt en 2014. Un hiver doux et une économie atone expliquent ce niveau du trafic charbonnier. En l’espace de deux ans, le charbon a perdu 41 % de ses volumes pour passer de 2 Mt à 1,2 Mt. Et les prévisions de trafic ne sont guère optimistes pour les prochains mois. La centrale de Cor demais, principal pourvoyeur du trafic charbon à Nantes Saint-Nazaire, doit subir un arrêt en 2015 et 2016. Les importations risquent de s’épuiser sur les prochains mois. Jean-Pierre Chalus positive: « Les travaux sur la centrale de Cordemais sont destinés à reconditionner l’outil. Si nous allons subir des pertes de trafic pendant quelques mois, cette centrale est destinée à fonctionner jusqu’en 2035. »
Le pétrole brut en léger recul
Enfin, dernier courant énergétique, le pétrole brut affiche une hausse de 9,6 % à 8,5 Mt. Une croissance encourageante mais qui ne fait qu’annuler partiellement les pertes de trafic en 2013 au cours de laquelle la raffinerie a subi des arrêts techniques. À prendre le trafic 2012 en référence, le pétrole brut reste malgré tout en léger recul. Il a perdu 5,5 % sur les deux dernières années. La capacité de la raffinerie est estimée aux environs de 12 Mt, ce qui laisse une marge de manœuvre pour une progression de ces trafics de pétrole brut.
Si les trafics historiques du GPMNSN reculent, le port récolte les premiers fruits de sa diversification. Dans les vracs secs, cette stratégie a porté notamment sur des trafics comme le clinker pour l’usine Kercim de Montoir de Bretagne. Des trafics qui ont progressé de 37 % à 58 000 t. Autre courant à profiter de cette diversification, le trafic de ferrailles de recyclage qui atteint désormais 409 000 t. Quant aux céréales, la bonne récolte 2013 a permis de réaliser une bonne campagne céréalière. Le trafic a de nouveau progressé en 2014 de 5,6 % après une hausse de 51 % en 2013. Au final, le GPMNSN a vu son trafic céréalier augmenter de 60 % à 1,4 Mt en deux ans.
Malgré ces progressions, les vracs secs restent toujours dans le rouge en 2014. Le trafic du sable de mer (− 22 %) souffre de la baisse d’activité dans le BTP. Quant à l’alimentation pour le bétail, elle s’est ralentie. Après la forte hausse de 2013, cette filière enregistre une baisse de 7,3 % à 1,8 Mt. Au final, ce secteur reste malgré tout en positif avec une croissance de 4,1 % en deux ans.
Dernière catégorie de trafics, les marchandises diverses tombent dans les profondeurs avec une diminution de 16,2 % de leur trafic à 2,75 Mt. Le trafic conteneurisé peine à reprendre des couleurs. Après la diminution de 0,8 % en 2013, il affiche une nouvelle baisse de 3,5 % pour se situer à 177 000 EVP. Le port constate que les exportations ont moins baissé que les importations. Cette baisse, notamment en tonnage (− 5 % à 1,7 Mt), est liée à l’économie nationale en difficulté. Le port reste confiant sur sa position dans le grand Ouest. La réorganisation des services feeders de MSC avec une liaison entre Anvers, Le Havre, Valence et Cadiz pourrait permettre un nouveau décollage. Quant à CMA CGM, l’arrivée de navires de plus forte capacité sur son service dédié à l’Afrique de l’Ouest renforce la position du port ligérien sur cette région.
Enfin, le trafic roulier a aussi connu des déboires. Il affiche une perte de 26,3 % à 747 000 t. Au final, il se retrouve en dessous du niveau de 2012. Si la ligne entre Montoir et Gijón a été suspendue, la mise en service en 2013 de la Milk Run Med, pour acheminer les éléments d’Airbus depuis la Méditerranée et les voitures Dacia depuis le Maroc, promet de belles perspectives, selon le port. Des attentes qui pourraient se consolider avec la mise en place d’une troisième escale par le service de Suardiaz dès le 21 janvier. Désormais, la ligne de Suardiaz quitte le port ligérien les lundis, mardis et samedis et repart de Vigo les lundis, mercredis et samedis. Une ligne alimentée en fond de cale par Gefco qui prévoit 45 000 véhicules en sens northbound et 93 000 véhicules en southbound.