L’année 2014 ne sera pas à marquer d’une pierre blanche dans les annales du port de Cherbourg. Avec une diminution de 15,95 % à 1,36 Mt, tous les courants accusent une baisse. Port à dominante transmanche, Cherbourg enregistre une diminution de 6,3 % à 1,23 Mt en tonnes sur ce courant. Depuis 2005, au moins, le trafic fret transmanche n’a de cesse de baisser sur le port de Cherbourg. Il y a dix ans, il a représenté 2,73 Mt. En nombre d’unités, la baisse est plus marquée avec un recul de 9,5 % à 37 353 poids lourds qui ont emprunté les installations cherbourgeoises. Avec 1,23 Mt, la baisse cumulée de ces dix ans s’élève à 121 %. À prendre Cherbourg dans l’ensemble Ports Normands Associés, la baisse affichée au port du Cotentin est compensée par la hausse des trafics sur Caen-Ouistreham. Sur l’ensemble des deux ports de PNA, l’activité fret transmanche se stabilise à 3,79 Mt (une faible diminution de 0,08 %). Des chiffres en rouge mais avec un espoir pour l’avenir. L’entrée en service de la ligne sur Dublin par Stena Line, en remplacement de celle de Celtic Line, a créé une nouvelle dynamique sur les liaisons avec l’Irlande. Au départ de Cherbourg, le trafic avec l’Irlande a engrangé une augmentation de 5,5 %. Une croissance qui s’est construite au second semestre, note la direction de PNA. « Ceci est très encourageant pour l’avenir », a souligné Philippe Deiss, directeur de Ports Normands Associés.
Les conventionnelles perdent 57 %
À côté des trafics transmanche, le port de Cherbourg accueille un trafic de marchandises conventionnelles qui a subi un revers en 2014. Avec 133 085 t, le trafic des marchandises diverses de Cherbourg accuse un repli de 57 %. Parmi les principales raisons de cette diminution du trafic des diverses, les problèmes du charbon pèsent pour une large part. « Le niveau de 2014 se situe à un niveau proche de celui de 2012 », explique Philippe Deiss, se voulant rassurant pour l’avenir. LDA (Louis Dreyfus Armateurs) a abandonné la gestion du terminal charbonnier de Cher bourg. La Spec (Société d’exploitation du port de Cherbourg) a repris les installations. Elle traite les différents trafics mais n’a pas pour objectif de demeurer gestionnaire de ce terminal. L’autorité portuaire a lancé une étude de marché pour identifier les vracs qui peuvent être captés par le port de Cherbourg. « Nous attendons les résultats de cette étude, a déclaré le directeur général de PNA, pour voir si le marché justifie une implantation. Ensuite nous lancerons un appel à manifestation d’intérêt (AMI). » Le rapport de cette étude doit être remis dans le courant du mois d’avril avec une décision pour l’AMI avant l’été. L’étude porte sur tous les types de trafic de vracs comme les matériaux de construction à l’export, le charbon, les engrais voire le sel de déneigement. Le port a déjà reçu des opérateurs intéressés par le projet. « Il faut séparer le bon grain de l’ivraie avant de prendre une décision. »
Dans ce contexte, la direction de Cherbourg mise sur les énergies renouvelables pour le développement du port. Elle a décidé d’octroyer une enveloppe de 50 M€ pour les investissements pour conforter la place du port du Cotentin dans cette filière. À Cherbourg, cette enveloppe concerne deux éléments: il s’agit de la livraison du quai Sud du quai des Flamands. Un quai construit pour supporter des colis lourds. En mars, les travaux de l’extension du port de Cherbourg en grande rade doivent permettre d’asseoir ce flux de trafic et notamment pour la filière des hydroliennes. La direction du port prévoit que ce second chantier sera livré en mars 2016. L’objectif est d’être en capacité d’offrir des disponibilités foncières pour « capter la filière hydrolienne et éventuellement de nouvelles activités industrielles et logistiques de l’éolien en mer ».
De plus, Cherbourg travaille en liaison avec Caen-Ouistreham, Haropa et Dieppe sur le projet de soutage de GNL pour les navires. D’ores et déjà, des opérations de soutage de GNL ont été réalisées dans le port. Cherbourg veut se placer dans le marché international en offrant des prestations pour le soutage des navires ferries mais aussi de ceux qui empruntent la Manche. Une analyse est en cours qui pourrait déboucher en 2015 sur le lancement d’un appel à projets.