MyFerryLink garde le cap tout en affrontant une tempête juridique

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Le pari était audacieux tandis que la concurrence veillait. La filiale de Louis Dreyfus Armateurs, LD Lines, a occupé la place vacante, à Calais, dès février 2012. Elle signe avec le Danois DFDS et se lance dans la conquête du marché transmanche. 139 ex-salariés de Sea France sont embauchés et l’achat de ses ferries est clairement envisagé. La constitution de la Scop change la donne. L’armateur danois renonce à ses ambitions de reprise. Eurotunnel conclut le montage en reprenant les actifs et en louant les navires à la Scop (le sous-traitant de transport). Dès l’été 2012, les anciens navires de SeaFrance, Rodin et Berlioz, sont repeints aux couleurs de MyFerryLink (MFL). Le nouvel opérateur transmanche inaugure les traversées entre Calais et Douvres dès le 20 août 2012.

11 % de parts de marché

En 2014, MFL a pris sa vitesse de croisière. Face à DFDS qui n’offre plus qu’un navire par jour sur la ligne Calais-Douvres, elle propose une offre commerciale qui porte sur 24 traversées quotidiennes avec les navires à passagers Rodin et Berlioz et le fréteur Nord-Pas-de-Calais. Elle présente un bilan éloquent avec une croissance de 22 % par rapport à 2013. Le taux de remplissage des navires s’élève à 75 % en moyenne.

« Fin 2014, la SAS détient 11 % de parts de marché », souligne le directeur adjoint Raphaël Doutrebente. Onze pourcents pour le fret transmanche et 8 % des parts du trafic passagers. Elle est presque dans les clous si l’on considère qu’elle se fixait, au départ, un objectif de 12 % à 14 % de parts de marché pour le fret et 8 % à 10 % pour le transport de passagers.

« MFL SAS, la filiale d’Eurotunnel, a transporté 400 000 camions fret et 350 000 véhicules passagers sur un marché en évolution de 8 % », précise Raphaël Doutrebente. Au total, un million et demi de passagers ont emprunté la ligne de l’opérateur l’an dernier. Les tarifs demeurent très concurrentiels avec une base de 42 €. « Nous ne bradons pas et nous tenons à maintenir un niveau de prestations et de prix cohérents. »

« Chez MyFerryLink, chaque conducteur est un VIP, sourit Philippe Gallouedec, à la communication. Nous offrons un service à la française avec une qualité d’accueil, de restauration et une prise en charge particulière pour les conducteurs de véhicules industriels », précise-t-il. La traversée dure 1 h 30.

Épée de Damoclès

Tel qu’il se présentait en 2012, le challenge semble donc réussi. La compagnie emploie 540 salariés (ex-SeaFrance pour la plupart) dont 70 CDD en France. Il faut ajouter 60 à 70 CDD en Grande-Bretagne. Certes, il a fallu porter un effort conséquent sur les cadences (sept jours à bord et sept jours à terre) et les motivations. « La réorganisation des rythmes de travail est le moteur du changement », insiste la direction.

Même la mise en œuvre de la nouvelle annexe vi de la convention Marpol n’atteint pas l’enthousiasme de MFL. « Le passage à 0,1 % (de teneur en souffre du carburant) n’aura pas d’impact important », estime Raphaël Doutrebente.

Une seule ombre plane depuis deux ans: cette épée de Damoclès que fait peser la justice britannique sur la compagnie française en exigeant le retrait d’Eurotunnel. MyFerryLink et Euro-tunnel ont essuyé le 9 décembre un revers juridique devant le Competition Appeal Tribunal (CAT) de Londres. Celle-ci a confirmé l’avis de l’Autorité britannique de la concurrence (Competition and Markets Authority, CMA) qui pointe, à travers Eurotunnel, un risque de monopole sur le Détroit. Avec une menace d’interdiction d’accoster à Douvres dans un délai de six mois.

La Scop est bien décidée à poursuivre le bras de fer juridique, tandis qu’Eurotunnel a annoncé son retrait et la mise en vente des navires. En France, les élus et les collectivités locales (Conseil régional et Ville de Calais en tête) soutiennent MyFerryLink. L’idée d’une Société d’économie mixte (SEM) a été envisagée. Pour la direction de MFL, ce n’est pas la solution idéale, d’autant que la CMA a prévenu qu’elle n’acceptera pas que l’activité commerciale bénéficie de fonds publics.

La SEM ne pouvant de toute manière tout régler, on s’oriente vers un repreneur privé. En attendant le prochain rendez-vous devant la justice britannique, les 11 et 12 mars, la direction de MFL se dit confiante.

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