« Les retours à vide et la concurrence des pays de l’Est sont nos principales préoccupations »

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): COMMENT SE PORTE, POUR VOUS, LE MARCHÉ SUR LA ZONE TRANSMANCHE?

GUYLAIN LANDAIS (G.L.): Pour l’année 2013, nos résultats ont enregistré une hausse. Malgré une perte de parts de marché, notre activité de transport de produits industriels s’est maintenue en 2014. Et 2015 semble suivre la même voie. Nous restons malgré tout encore loin des performances des années 2007-2008. Nous n’avons pas de carnets de commandes, nous travaillons au fil de l’eau. Nous avons une visibilité de deux ou trois jours au maximum. Néanmoins, avec l’activité de nos grands clients historiques, nous savons que l’année 2015 devrait être correcte.

JMM: QUELLES SONT LES DIFFICULTES DU TRAFIC SUR LE TRANSMANCHE?

G.L.: Notre principale difficulté reste d’éviter les retours à vide ou en groupage fortement incomplet. Avec le temps, nous avons pu créer un certain maillage sur le territoire pour nous assurer un minimum de chargements. Malgré cela, certains camions reviennent parfois en France avec très peu voire aucune marchandise. Nous ne pouvons donc pas accepter des allers à n’importe quel prix car les résultats pourraient s’avérer catastrophiques. Ces faibles volumes sur le retour viennent surtout d’une distorsion de flux entre les deux pays: l’Angleterre importe plus de produits français qu’elle n’exporte vers l’Hexagone.

Nous embarquons dans les ports de l’Ouest et nous sommes dépendants des services des ferries. Contraire ment au fret transitant par le tunnel, les ferries ne partent pas toutes les demi-heures. Prendre une heure de retard peut donc signifier une journée entière de perdue pour nous et nous devons expliquer à nos clients la nécessité de la ponctualité. Trouver des places sur les ferries devient aussi difficile. Les navires ont fortement réduit leur fréquence de traversées depuis 2008. À cela s’ajoute l’entrée en vigueur au 1er janvier de l’annexe vi de la convention Marpol, les sociétés maritimes doivent changer leurs navires ou les adapter pour limiter leurs émissions de soufre. Beaucoup de ferries sont donc en réparation, les passages vont donc être encore réduits.

JMM: LA MISE EN ŒUVRE DE L’ANNEXE VI DE MARPOL A-T-ELLE EU DES IMPACTS FINANCIERS SUR VOTRE ACTIVITÉ?

G.L.: En conséquence de l’annexe vi de Marpol, Brittany Ferries doit investir pour que ses navires répondent aux normes et a donc augmenté le prix de la traversée. Nous parvenons nous aussi à répercuter cette augmentation à nos clients. Nous leur expliquons que c’est un peu similaire à l’écotaxe en France. Les clients voient cette augmentation comme une logique évolution du temps: pour polluer moins, il est nécessaire de payer plus et ils acceptent la situation. En revanche, ils refusent que d’autres majorations s’ajoutent, ce qui empêche de faire passer les autres hausses appliquées dans le secteur routier.

JMM: L’AFFLUX DE MIGRANTS REPRESENTE-T-IL UNE DIFFICULTÉ PARTICULIÈRE DANS LES PORTS DE L’OUEST?

G.L.: Dans les ports de l’Ouest, le problème des migrants est récurrent depuis une dizaine d’années bien que le phénomène soit moindre qu’à Calais. Les tentatives d’intrusion dans les camions ne se produisent pas toujours au même endroit, les migrants se focalisent sur une zone puis après sur une autre. Nous avons rencontré les autorités anglaises et nous avons mis en place des procédures pour que les chauffeurs vérifient leur véhicule et puissent prouver leur bonne foi lors de contrôles. Contrairement à Calais, nous n’avons pas constaté particulièrement d’augmentation de migrants ces derniers mois. En revanche, ces procédures ont un coût et prennent du temps.

JMM: LA CONCURRENCE EST-ELLE IMPORTANTE SUR CE MARCHÉ?

G.L.: À l’instar de tous les transporteurs français faisant de l’international, nous subissons une perte de parts de marché en raison de la concurrence des pays de l’Est qui s’est exacerbée depuis 2009. Nous ne sommes pas épargnés même si nous intervenons sur l’ouest de la France. Améliorer la législation française via une loi pour prouver que les salariés sont payés au minimum au Smic serait une bonne chose. Nous ne travaillons pas avec les mêmes règles du jeu: nos salariés sont payés plus chers et travaillent moins. Évidemment, nous ne pouvons pas toucher au salaire de nos salariés. Ceux des pays de l’Est augmenteront, mais cela prendra du temps. Nous devons batailler avec les mêmes règles sociales que nos concurrents.

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