Le salon Euromaritime a permis à un représentant de Plataforma Oceanica de Canarias (Espagne) de rappeler l’existence du projet Tropos, qui s’est officiellement terminé à la mi-janvier au terme de 36 mois d’études
En 2011, le 7e programme-cadre de l’Union européenne sur la recherche met donc sur pied le projet Tropos: son objectif est d’étudier les voies et les moyens de concevoir une plate-forme flottante destinée à être installée en Méditerranée, en zone tropicale ou subtropicale, et adaptée aux besoins de différentes activités. Première question: faut-il mieux concevoir une plate-forme à tout faire ou une plate-forme de base accompagnée de modules spécifiques à chaque activité. Outre la conception ont dû être étudiés les possibles impacts écologiques, les conditions nécessaires à un bon ancrage et, plus globalement, une méthodologie d’évaluation.
Dix-neuf universités, centres de recherche ou entreprises ont participé à ce projet dont une université taïwanaise. Les autres étant membres de l’UE. Toulon Var Technologies, le BV et l’École centrale de Nantes ont constitué la composante française de ce projet piloté par Plataforma Oceanica de Canarias. Au bénéfice du projet Tropos, le contribuable européen a pris 4,88 M€ à sa charge sur un total de 14 M€ destinés au programme de recherche plus vaste, « les océans de l’avenir ».
À la mi-janvier, la conclusion tient en quelques lignes: « À ce stade de développement, la plate-forme flottante multi-usage n’est pas économiquement concurrentielle et les aides gouvernementales seront nécessaires. La collaboration entre partenaires publics et privés devrait permettre de construire le premier grand démonstrateur. »
Port de transbordement à conteneurs
Dans la même cession, Nicolas Jestin, ingénieur de Bouygues Travaux publics (BTP), a expliqué que sa société, en association avec DCNS, réfléchissait également à une plate-forme multi-usage modulaire en béton, matériau dont la durée de vie est de l’ordre du siècle contre 25 ans pour l’acier.
Le représentant de BTP a souligné le problème de branchement électrique que poserait une plate-forme flottante dédiée à l’éolien et mouillée à grande profondeur. Le poids du câble d’alimentation « pendouillant » de la plate-forme risque d’occuper des ingénieurs durant un certain temps.
Il a invité les bonnes volontés à mener les réflexions, notamment juridiques, concernant le droit du travail applicable sur une plate-forme dédiée par exemple à l’aquaculture et mouillée en dehors des eaux territoriales.
Pour illustrer la pertinence de son propos, Nicolas Jestin n’a pas hésité à souligner l’intérêt d’une plate-forme portuaire de transbordement de conteneurs mouillée au large de la Guyane. Ce département d’outre-mer est, comme d’autres, « idéalement » situé entre le nouveau canal de Panama et l’Europe. Freeport ou Kingston n’ont qu’à bien se tenir.
*Les résultats des recherches menées sont consultables sur le site
Le Japon précurseur
Cette démarche rappelle celle menée au Japon en 1995 avec la création du Technological Research Association of Megaflot (Tram), destiné à créer des aéroports flottants. Une piste flottante de 1 000 m a été testée dans la baie de Tokyo. Le projet s’est terminé en 1998 sur la conclusion que la construction d’une piste de 4 000 m était techniquement réalisable. Depuis, les nouvelles japonaises sont rares en ce domaine. Personne ne semble envisager une coopération entre l’Europe et le Japon sur ce dossier.