L’objectif est « d’étudier et de maquetter les briques technologiques innovantes au cœur des ruptures techniques et réglementaires des passerelles, et de réaliser un démonstrateur ». Il s’agit donc de construire pratiquement de zéro, en ce qui concerne les navires civils, un savoir-faire purement français en la matière, tout en utilisant des illustrations de groupes étrangers (Rolls-Royce Marine et le Finlandais VTT) qui ont une notoriété certaine.
Deux « ruptures » à prévoir
Deux « ruptures » sont à prévoir: l’une, réglementaire, porte sur les normes de la e-navigation et du e-positioning. L’autre, technologique, concerne l’intégration des données dans une sorte de cockpit d’avion. « Comment allez-vous procéder pour faire en sorte que l’officier de passerelle conserve son sens marin en de cas d’une défaillance de la passerelle », s’est interrogé un représentant du Shom. « C’est plus un problème de génération entre officiers qu’autre chose », a répondu Oliver Reichert. « Il faudra concevoir une passerelle compatible avec différentes générations d’officiers. » La partie ergonomique sera confiée à la société Bertin-Ergonomie assistée de l’ENSM. La future passerelle devrait être testée par les élèves officiers. Il serait peut-être également judicieux de la faire tester par quelques officiers d’Europe centrale et d’Asie, pris au hasard.
La position de Louis Dreyfus Armateurs n’a pas évolué depuis mars 2010 lorsque son directeur des constructions neuves, Hervé Lapierre, a souligné le rejet des passerelles intégrées. Elles sont si complexes qu’il faut une formation spécifique pour s’en servir et dotées d’une informatique basique, donc peu fiable. Elles renforcent la tendance des jeunes officiers à regarder les écrans plutôt que le plan d’eau. Cela dit, compte tenu de l’évolution rapide des technologies, LDA envisage prochainement de faire un tour du marché des passerelles intégrées pour vérifier si les inconvénients dépassent ou non les avantages.