Le Club des ports africains est devenu au cours des années une instance de rencontre renommée entre les décideurs portuaires privés et publics. Représentants d’autorités portuaires africaines, responsables d’entreprises privées se retrouvent trois fois par an pour débattre des grandes questions autour de la politique maritime et portuaire sur l’Afrique. D’ordinaire, ces réunions se tiennent à Bruxelles mais, depuis quelques mois, le Crans Montana Forum a décidé de délocaliser ses réunions. Après avoir réalisé une première réunion à Rabat puis une autre à Genève, la prochaine est programmée à Dakhla, dans le Sud marocain.
Lors de la dernière réunion du mois d’octobre, à Genève, le Club des ports africains a eu l’occasion de s’entretenir avec des responsables de l’Opaep (Organisation des pays arabe exportateurs de pétrole) sur l’avenir des trafics d’hydrocarbures dans le monde. Dans le contexte économique actuel, cette réunion a permis de dresser un tableau le plus réaliste possible des trafics pétroliers dans un futur proche.
Politique logistique de l’Afrique atlantique
Le Crans Montana Forum réunira donc ses membres à Dakhla. Le 13 mars se tiendra, dans le cadre de ce Forum, le Club des ports africains. Au menu de cette réunion, plusieurs thèmes axés sur la position logistique de l’Afrique atlantique. Parmi les thèmes abordés, les membres du Club des ports africains débateront du Sahara atlantique comme hub stratégique pour la moitié de l’Afrique, de la mise en place d’infrastructures de transports performantes, des investissements routiers et ferroviaires et du développement des ports secs. En plaçant sa réunion à Dakhla, le Crans Montana Forum a voulu s’associer au royaume du Maroc dans sa stratégie portuaire. En effet, l’Agence nationale des ports (ANP) a publié en 2013 sa Stratégie portuaire à l’horizon 2030. Elle a pour vocation de donner à chaque port du royaume chérifien sa place dans le concert national. Le gouvernement et le roi du Maroc veulent que chaque établissement ait une vocation d’aménagement du territoire. Ce document va à l’encontre des préjugés qui limitent le portuaire marocain à Tanger Med et Casablanca. Dans cette stratégie, le site de Dakhla prend toute son importance. Dans son projet, l’ANP prévoit de créer un nouveau port en eau profonde dans la province de l’Oued Eddahab. Il sera situé à l’extérieur de la baie pour assurer son rôle d’outil logistique tant pour les produits de la pêche, principale industrie de la région, que dans un souci de « faciliter la structuration économique et sociale du sud du royaume », souligne le document de l’ANP.
Relations feederisées
Ce nouveau port aura des dessertes par porte-conteneurs avec des relations feederisées sur les grands ports majeurs de la région: Casablanca, Tanger-Med, Las Palmas. Selon le document de l’ANP, « les volumes de production issus de la pêche (ou dans une moindre mesure de l’agriculture irriguée) et destinés à l’exportation seront à un niveau suffisamment important pour déclencher le positionnement de lignes régulières comme on l’observe par exemple aujourd’hui sur le port d’Agadir, mais aussi depuis déjà plusieurs années sur le port de Nouadhibou avec un fort développement des conteneurs reefers ». Des projets qui soutiendront les efforts de développement pour approvisionner l’économie locale. Mais la région de Dakhla est aussi riche de matières premières, et l’ANP imagine d’autres terminaux spécialisés pour l’exportation de ces ressources. Ce projet devrait se développer sur le site de Ntirif, à 60 km au nord de Dakhla. Selon un site internet marocain, Medias24, ce port constituerait un investissement de 354 millions de Dirhams (32,4 M€).