Les chargeurs français ont toujours eu des exigences de qualité et de performance des ports, à tel point qu’ils ont préféré le port d’Anvers aux établissements français. Quand aujourd’hui le port d’Anvers se réclame le premier port français, c’est avant tout parce que les chargeurs ont voulu lui donner ce statut. Et demain? La Belgique doit faire sa réforme portuaire si elle ne veut pas risquer les foudres de la Commission européenne. Un passage qui pourrait se faire dans un climat social tendu. En Espagne, autre nation portuaire louée par les chargeurs français, la réforme de l’organisation portuaire risque de prendre une tournure plutôt musclée avec la fin des sociétés des dockers pour évoluer vers l’intégration chez les manutentionnaires, voire le recours à des sociétés d’intérim. Et en Italie, la réforme de la loi de 194 est aussi annoncée. Pour les syndicats, il faut avant tout privilégier le savoir-faire des ouvriers portuaires avant de libéraliser à outrance. Trois voisins que les chargeurs ont souvent préférés aux ports français sous prétexte qu’ils ne subissent pas les grèves des ports français. Que feront-ils demain si Anvers, Barcelone, Gênes ou Gand sont bloqués? Attendront-ils patiemment que les choses évoluent sans rien dire? Donneurs d’ordre, vous avez voulu la réforme des ports? Vous l’avez eu. Vous avez voulu la paix sociale? Vous l’avez. Vous avez eu le beurre et l’argent du beurre, vous pourriez peut-être commencer à changer de crémerie.
Édito
Le beurre et l’argent du beurre
Article réservé aux abonnés