Costa-Concordia: retour sur le procès de l’horreur

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Intitulé Treize secondes, le temps qu’il aurait fallu à Francesco Schettino, selon lui, pour éviter le rocher si le marin à la barre avait exécuté ses ordres à la lettre, ce livre-mémoires racontera la version de l’ex-commandant sur le naufrage du Costa-Concordia. Il retracera aussi ses derniers mois avant le procès, le moment où il a été arrêté, quelques jours après le naufrage, et incarcéré dans la prison de Grosseto. Un passage rapide, l’ancien commandant n’ayant passé que quelques heures dans les geôles de la République italienne. Dès le 17 janvier 2012, il a obtenu les arrêts domiciliaires avant d’être libéré en juillet et placé en résidence surveillée à Meta di Sorrento, une cité balnéaire située sur la côte amalfitaine. Pour l’heure, le marin le plus détesté d’Italie se prépare au procès en appel. Ses défenseurs souhaitent obtenir une réduction de peine; le parquet, qui lui aussi fait appel, cible une augmentation de la peine. Peut-être pas les 26 ans et trois mois réclamés par le procureur, mais au moins une vingtaine d’années.

Des peines sans incarcération

En avril 2013, trois mois avant le début du procès contre Francesco Schettino, la compagnie Costa Croisières a bénéficié de la procédure dite de « pattegiamento » que l’ex-commandant s’était vu refuser. Dans le droit italien, ce dispositif permet d’obtenir une réduction de peine en échange d’une reconnaissance au moins partielle de culpabilité. Moyennant une sanction de 1 M€, la compagnie n’a plus été impliquée dans l’enquête. Les cinq autres coaccusés du commandant ont également bénéficié de ce dispositif. Ainsi, le responsable ISM de Costa Croisières, Roberto Ferrarini, accusé de n’avoir pas pris des mesures suffisamment rapides et efficaces, a écopé de deux ans et dix mois. Une peine quasi identique a été infligée à Manrico Giampedroni, directeur des services hôteliers du Costa-Concordia, sans que cette condamnation ne soit expliquée. Pour sa part, le second, Ciro Ambrosio, a été condamné à un an et onze mois, et le marin indonésien Jacob Rusli Bin à un an et huit mois. Enfin, Silvia Coronica, l’autre second impliqué dans le procès du Costa-Concordia, a été condamnée à un an et six mois. Selon un décret adopté par le gouvernement Monti en 2011 pour réduire le taux de surpopulation dans les prisons, seules les personnes condamnées à une peine supérieure à trois ans d’incarcération sont incarcérées. Du coup, les cinq coaccusés de Francesco Schettino, ont profité de la liberté. Ce qui ne sera pas le cas de l’ex-commandant. La justice italienne a beau être lente, Francesco Schettino sera rattrapé par la prison d’ici quatre ans maximum car sa peine ne sera jamais réduite à moins de trois ans, ni en appel ni en cassation.

Il est le seul vrai responsable du drame

Pour la justice comme pour l’opinion publique, « Francesco Schettino est le seul vrai responsable du drame, les autres ayant des responsabilités mineures », comme l’avait d’ailleurs déclaré Francesco Verusio, procureur de Grosseto, à la veille du coup d’envoi du procès en première instance, le 9 juillet 2013. Ce jour-là, la première audience avait eu lieu dans le théâtre Moderno transformé en palais de justice improvisé, la salle du vrai tribunal étant trop petite pour accueillir les quelque mille personnes qui devaient défiler à la barre des témoins, défendre les parties en cause ou assister aux audiences. Le parquet, la défense et les parties civiles avaient convoqué pour leur part quasiment 500 personnes dont plus d’une centaine devaient raconter le drame. Un photographe qui était à bord du Costa-Fortuna, l’autre paquebot du croisiériste qui avait évité de peu la catastrophe le 13 juin 2005, avait même été convoqué par le parquet pour raconter les pratiques des « révérences ». En naviguant à 300 m des côtes de l’île de Capri, le Costa-Fortuna avait heurté un bas-fond puis commencé à prendre l’eau. Durant le trajet entre Capri et Palerme, l’eau de mer avait été pompée puis le navire réparé en grand secret et en pleine nuit dans les chantiers de Fincantieri avant de repartir. Un épisode important qui permet de comprendre les dessous du naufrage du Costa-Concordia, ont estimé les magistrats du tribunal de Grosseto.

Au fil des 69 audiences, le procès contre le « commandant Couard », comme l’ont rebaptisé les Italiens après avoir appris que Francesco Schettino avait abandonné son navire et ses passagers, est entré dans le vif. Il y a eu les révélations de la ballerine moldave, Domnica Cemortan, sur ses relations amoureuses avec le commandant avant et pendant le naufrage. Il y a eu les images terribles tournées par les plongeurs ou l’on voyait les pieds de la petite Dayana Arlotti, l’enfant âgée de cinq ans et retrouvée morte à côté du corps de son père. Et celles des autres cadavres, les juges bouleversés détournant leurs regards. Et il y a eu les récits terribles de 32 survivants, 32 récits sur la mort de leurs proches ou de ceux qu’ils ont vu mourir. Les images des morts et les voix des survivants résonneront à nouveau dans le tribunal de Florence durant l’appel.

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