Que penser et quel poids doit-on donner aux déclarations du maire de La Rochelle dans son discours lors de la cérémonie des vœux à la place portuaire le 16 janvier? Alors que les présidents des organes de gouvernance du port ont expliqué avec force détails que la baisse des trafics enregistrée en 2014 n’est qu’un réajustement, l’édile rochelais a jeté un pavé dans la mare. Loin de se préoccuper de la coopération interportuaire, il a appelé le gouvernement à investir sur La Rochelle plutôt que sur le terminal du Verdon. Et, pour aller plus loin, il a assuré que ce point de vue était partagé par le maire de Bordeaux, Alain Juppé. Mutinerie politique des édiles? Les deux magistrats n’appartiennent pas à la même classe politique. La Rochelle se situant dans la majorité présidentielle et Bordeaux dans l’opposition. Il ne s’agit pas d’un combat politique. Dans les faits, cela peut s’avérer être une première position en faveur d’une coopération interportuaire en prenant le dossier à l’envers. Les deux maires décident de ce qui n’est pas à faire avant de mettre sur pied les conditions d’une collaboration étroite. Bien entendu, ces paroles ont réjoui la place portuaire rochelaise qui se voit prendre une longueur d’avance. Derrière cet appel se pose la question de l’avenir du Verdon. Devait-on laisser Proloisirs investir sur le site quand quelques mois plus tard on appelle à l’arrêt des investissements? Pourquoi avoir entrepris des travaux sur les portiques et une réorganisation du terminal s’il doit cesser ses activités? Construit en 1976, le Verdon n’a jamais atteint les niveaux escomptés. De là à l’enterrer définitivement, le pas est rapidement franchi. Et puisque cette cérémonie a été l’occasion de parler de coopération par la négation, pourquoi le Grand port maritime de La Rochelle envisage-t-il de créer une liaison avec un port du nord de l’Europe par conteneurs quand Bordeaux dispose déjà de lignes? Faire de la coopération interportuaire un système basé sur l’agrégation de moyens dans un port au détriment de l’autre est absurde. C’est un peu comme si Le Havre voulait absorber le trafic rouennais. Une hérésie!
7 jours en mer
La coopération portuaire par la négation
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