En 2007, quand Jean-Luc Chagnolleau, 30 ans, docker à Nantes, contracte un cancer du rein, il lance une enquête auprès de ses collègues. En 1992, année de la réforme du statut des dockers, ils sont 362 dans le port de Nantes Saint-Nazaire. Seize ans après, 99 ont été atteints de cancers et problèmes cardiaques, 46 en sont morts, la moitié avant leurs 60 ans. Un programme de recherche étudie cette épidémiologie hors norme. Le rapport de ces scientifiques a été décisif dans la décision du 5 décembre du tribunal des affaires de Sécurité sociale de Nantes, qui reconnaît le caractère professionnel des maladies de Jean-Luc Chagnolleau, décédé à 55 ans, sans avoir connu l’issue du procès relayé par sa famille. Pour le cégétiste Serge Doussin, de l’Association pour la protection de la santé au travail dans les métiers portuaires de Loire-Atlantique, « le jugement reconnaît aussi la poly-exposition aux cancérigènes, fongicides, pesticides, poussières de blé et de bois soulevé par les couleurs en cale, mais aussi silice, amiante, échappements diesel… » Ce rapport scientifique fissure la thèse des caisses d’Assurance maladie soutenant jusqu’ici qu’aucune littérature médicale et scientifique ne permettait de faire le lien causal entre exposition et déclenchement de la maladie.
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Cancer des dockers: un premier jugement
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