Fin août quand François Hollande débarque à La Réunion accompagné de Rodolphe Saadé, c’est pour annoncer la création d’un hub sur l’île de l’océan Indien. Depuis le temps que les manutentionnaires espéraient un projet concret, il est maintenant lancé. Cette annonce intervient quand les sociétés de manutention souffrent pour certaines de sureffectif chronique. Et pourtant, dès 1994, lors de la mensualisation des dockers, un accord entre manutentionnaires a été signé. Il prévoit la possibilité de déléguer des tâches sur un navire à des personnels d’autres sociétés de manutention. Une sorte de mutualisation du personnel pour répartir équitablement le travail. Un accord signé par tous mais entré dans les faits une seule fois en 17 ans. Alors, quand l’annonce du projet de hub est officiellement lancé, les termes de cet accord reviennent sur le devant de la scène. Et les différentes approches de l’accord se font par voie de presse interposée. Le premier a tirer a été la CGTR Ports et Docks. Elle a accusé les différents opérateurs de freiner ce projet. Le syndicat des dockers aurait même affirmé, selon des manutentionnaires, avoir eu des assurances du groupe de Jacques Saadé sur leur avenir. La réaction du président des manutentionnaires, Jean Brac de la Perrière, ne s’est pas fait attendre. Il a démenti toute volonté de freiner ce projet, dans un article publié par le Journal de l’île de La Réunion le 13 novembre. Au nom de son titre de président du syndicat des manutentionnaires, Jean Brac de la Perrière a rappelé que « nous sommes très favorable à l’implantation de ce hub de transbordement car il est synonyme de volumes supplémentaires. Tout est bon à prendre, alors que ce soit du trafic domestique ou régional, alors que nous sortons de cinq années de crise ». La situation sur le port de l’île de La Réunion apparaît comme atypique. « Nous sommes quatre sociétés concurrentielles et il n’y a pas de position dominante. » Alors quand le groupe CMA CGM explique qu’il souhaite maîtriser les outils, le président des manutentionnaires souligne que « quatre sociétés de manutention savent très bien répondre aux besoins de l’armement ». Et les opérateurs de La Réunion ne veulent pas de la situation des Antilles avec une présence forte de l’armateur.
Dépoussiérer les accords de 1994
Pour résoudre l’inemploi occasionnel de certains dockers, il propose de « dépoussiérer les accords de 1994. Ils n’ont jamais été remis en cause et permettent de mieux répartir le travail ». Jean Brac de la Perrière craint de voir le groupe CMA CGM pousser son sous-traitant local, la SAMR, au détriment des autres. Pour chasser ces peurs, il répète à l’envi: « Nous ne voulons pas bloquer le projet, nous voulons être acteurs. » Cette position, le quatrième opérateur de manutention, la Coopérative ouvrière réunionnaise, ne la partage pas. Dans un article paru dans le Quotidien de la Réunion, le président de la COR, Jean-Daniel Clotagatide, ne partage pas ces craintes. « Ce sont les trois acconiers privés qui ont le monopole aujourd’hui sur les conteneurs. Ça les embête de partager le gâteau. » Il refuse de voir ce projet comme négatif. Les manutentionnaires tentent de monter les dockers les uns contre les autres en brandissant la menace du chômage, a déclaré le président de la COR au Quotidien. « Nous, on est sur la même ligne que la CGTR, on pense que c’est du trafic supplémentaire en période de crise. On voit cela comme une bonne chose », a conclu Jean-Daniel Clotagatide.
L’autre point à régler avant l’entrée en opération de ce hub concerne le sort de la Sermat. La société est en charge de la maintenance des outils du port. « La structure telle qu’elle existe mérite d’être modernisée », affirme Guy-Antoine de Laveigne, directeur de la SGM. Après les mouvements sociaux du début de l’année, la maintenance des cavaliers a été externalisée auprès d’un prestataire de service. Après des négociations entre les partenaires sociaux, la décision de réinternaliser ces fonctions dans les sociétés de manutention a été prise. La date de fin de cette société est programmée pour le 30 septembre. Au 1er octobre, les personnels de la Sermat seront intégrés dans les sociétés de manutention.