Les pilotes de Port Réunion subissent, comme les autres professionnels de la place, les conséquences de la crise économique. Avec un trafic en stabilité, voire en légère régression, le nombre d’opérations assurées par les pilotes est en baisse. En 2013, la station de pilotage a assuré 1 463 manœuvres de navires. Cinq ans plus tôt, en 2008, le nombre de manœuvres s’est élevé à 1 752. Entre ces deux dates, ce sont 16 % d’opérations en moins que les pilotes ont subi. Et dans le même temps, le volume par manœuvre a progressé de 15 % passant de 39 000 m3 à 44 700 m3. « Au cours des deux dernières années, nous sommes passés d’une longeuur moyenne des navires de 190 m à 240 m », expliquent les pilotes. « Cette darse est dimensionnée pour des navires de type Panamax. Nous pouvons recevoir des navires de 215 m × 34 m × 12 m sans dérogation. Au-delà, il en faut. » Avec le dimensionnement actuel des navires, les dérogations sont devenues monnaie courante.
Que va-t-il advenir si demain le projet de hub se réalise sur Port Réunion? « Le hub proposé par le groupe CMA CGM est une bonne chose pour le port, voire il est indispensable, nous n’avons pas le choix », continuent Alalin Crépy et Éric Kerverdo. La crainte pour les pilotes réside dans la sécurité. « Nous serons vite aux marges de la sécurité. » Pour cela, les pilotes travaillent avec la direction du port et la capitainerie à des solutions pour élargir ces marges de sécurité.
Proche des marges de sécurité
Les travaux entrepris actuellement de prolongement de la darse permettront d’aligner deux navires de 300 m, mais « nous ne pourrons pas avoir un autre navire ». Quant à la largeur des navires, si elle atteint 34 m, la largeur actuelle de la darse risque d’être trop juste. « Nous avons eu l’occasion de faire des essais sur un navire de 315 m de long. Nous avons fait un retour d’expérience qui s’avère positif mais proche des marges de sécurité. » Aujourd’hui, l’occupation du poste 10 pour les navires à pétrole obère de 12 % le temps de travail du terminal à conteneurs. Le déplacement de la SRPP du poste 10 vers le terminal multivrac, sur le poste 21, serait profitable. « Nous espérons que les négociations aboutiront », avouent les pilotes.
« Appâter les nouvelles lignes »
En travaillant sur les conditions d’entrée dans le port et l’accostage des navires, les pilotes sont persuadés que le concept de hub portuaire à La Réunion a une chance d’aboutir. Mieux, ils ont fait des propositions pour « appâter les nouvelles lignes ». Toute nouvelle ligne arrivant sur l’île verrait ses coûts de pilotage réduits de 50 % les six premiers mois et de 25 % les six mois suivants. Une proposition que les clients n’ont pas acceptée. « Nous sommes prêts et nous disposons des moyens pour répondre à cet afflux de trafic. Notre proposition de baisse tarifaire allait dans ce sens », explique Frédéric Royer, le président de la station. Les quatre pilotes et les deux pilotines en poste à La Réunion pourront répondre. Ils sont assistés de remorqueurs avec suffisamment de puissance, continuent les pilotes. Ils utilisent aussi des vedettes de lamanage comme support dans certains cas. Cela se manifeste surtout au poste H du port Ouest. Ce poste accueille des navires de petits gabarits pour le sucre, le bitume et l’asphalte. « Nous n’avons pas besoin de remorqueur de 60 t de traction, mais lorsque nous constatons un trou de puissance du navire, nous utilisons la vedette de lamanage de Boluda pour nous apporter un surplus. »