La question du hub portuaire attise toutes les conversations sur l’île de La Réunion. Si le projet est partagé par tous, les conséquences ne seront pas forcément positives. Pour Alain Perrot, responsable de l’agence de Necotrans à La Réunion, la mise en place de ce hub pourrait attiser la concurrence avec Tamatave et Port Louis. « Faire de La Réunion une plate-forme d’éclatement portuaire reste une bonne chose même si nous ne mesurons pas encore les réactions des ports voisins. » Et le responsable de Necotrans sur l’île Bourbon voit dans ce projet des possibilités d’expansion de son activité. En massifiant les flux sur l’île, les taux de fret pourraient se réduire. Le port deviendrait plus compétitif. « Ainsi, les entreprises locales pourraient mieux exporter et vendre leurs produits à Maurice ou à Madagascar. » Selon Alain Perrot, le hub créera une dynamique sur la desserte avec les îles voisines.
Pour Laurent Folope, directeur régional de SDV, ce projet de hub est un outil à développer. « Ce projet est utile pour le port parce qu’il va aussi créer de l’emploi. Il faut adapter l’outil portuaire à cette ambition. » Le responsable de SDV n’imagine pas de faire de Port Réunion un hub sans avoir adapter l’outillage portuaire. L’arrivée des nouveaux portiques pour traiter des navires plus grands, la gestion des cavaliers sur les terminaux sont autant de paramètres à examiner pour réussir à faire passer le port de son statut actuel à celui de hub. Outre les aspects techniques, Laurent Folope ajoute la dimension sociale. Il souhaite que le port ait une flexibilité horaire plus grande. « Port Louis, à Maurice, souffre de congestion. Si nous voulons être concurrents, il faut travailler sur le coût de l’escale qui prend en compte tous les paramètres, y compris la manutention. »
« En 2013 nous avons subi 19 jours de grève dans le port. En 2014, nous avons eu une paix sociale », souligne Laurent Folope en souhaitant que cette accalmie dure.
Outre ces différents facteurs pour réussir, Alain Perrot de Necotrans ajoute aussi l’aspect foncier du port. Il s’interroge comme bon nombre d’opérateurs sur le devenir de la zone de 80 ha située à l’arrière du port. « Il faut créer un dépôt des conteneurs vides pour optimiser la gestion du foncier. »
Necotrans à la recherche d’un entrepôt
Necotrans est présent sur le port de La Réunion avec 11 personnes, dont sept travaillent sur le port et quatre sur l’aéroport. L’activité de ce commissionnaire se concentre à 90 % sur les importations depuis l’Europe et l’Asie. Alain Perrot, responsable de l’agence de Necotrans à La Réunion, regrette que le groupe n’ait pas assuré le virage de la logistique en temps et en heure. « Il aurait fallu que nous prenions rapidement un entrepôt pour y réaliser des opérations de picking et de préparation de commandes. Aujourd’hui, trouver un entrepôt de 1 000 m2 devient difficile. » Faute de cet outil, l’entreposage est sous-traité auprès d’un opérateur. Quant à trouver un entrepôt sur l’île, il s’agit d’un véritable parcours. Deux ou trois agents immobiliers « trustent » ce marché et font monter rapidement les prix. Et Alain Perrot cible son choix pour son entrepôt sur un site bien particulier. « Je souhaiterais que nous en trouvions un au port plus que sur la zone de La Possession ou sur la zone de Cambarie. » L’activité de groupage et dégroupage des conteneurs représente 85 % de son activité. « Nous traitons entre 2 500 et 3 000 boîtes par an », confie Alain Perrot. Les 15 % restants se faisant sur de l’aérien. Outre cette activité sur les conteneurs, Necotrans travaille aussi sur les trafics automobiles, les camions et tous les projets industriels.
SDV: cinq marques pour un groupe
Le groupe Bolloré à La Réunion est rattaché à Bolloré Logistics. Cette filiale représente cinq marques du groupe: la SAMR, société spécialisée dans la manutention et opérant sur le port; SDV La Réunion, qui totalise 100 personnes et opère dans la logistique, la douane, le maritime et l’aérien; Soretrans, avec une sizaine de personnes, traite la logistique des grands comptes locaux comme Ravate; Réunitrans, qui dispose de 35 personnes et sont opérateurs routiers (une cinquantaine de cartes grises pour les conteneurs maritimes, des camions-plateaux, des petits porteurs pour la distribution logistique et des porte-fer); la SDMM, société logistique qui emploie 15 personnes et travaille exclusivement pour le groupe Nestlé avec un entrepôt sur la zone de Cambarie. Le groupe a rapidement fait le virage logistique en prenant plusieurs entrepôts sur l’île. Il dispose de quatre sites: un au port, deux dans la zone de Cambarie et un dans la zone de Marquet. Avec 16 000 EVP traités par an, les différentes marques de Bolloré Logistics engrangent 15 % du marché réunionnais. Avec les différents entrepôts, Bolloré Logistics offre des solutions de groupage et dégroupage à ses clients de la grande distribution. « Le marché réunionnais est atypique », note Laurent Folope. 95 % des entreprises ont moins de dix salariés et les 5 % restants sont des grands groupes de distribution. Il faut adapter son offre à ce marché. Avec 1 600 clients sur l’île, SDV La Réunion assure des services de conteneurs complets et de groupage en import. « Nous allons jusqu’à faire du LCL de FCL », note Laurent Folope. Ce sont des conteneurs groupés par des fournisseurs différents pour un seul réceptionnaire.
De plus, SDV avance détenir 30 % du marché roulier. Le groupe importe des véhicules pour les concessionnaires (principalement CFAO et Sogecor) ainsi que des voitures pour les particuliers.
Sur l’aérien, SDV réalise un volume d’environ 4 500 t pour la grande distribution et les centres hospitaliers. Une partie de ce trafic est réalisé à l’exportation. Il s’agit de fruits comme les ananas, les mangues ou les litchis. « Ils sont cueillis le matin et expédiés dans la nuit pour être livrés à Rungis le lendemain matin. »