L’un des plus importants chantiers navals du Brésil, Estaleiro Ilha S.A. (Eisa), situé dans la zone nord de Rio de Janeiro, traverse la pire crise de son histoire. La compagnie, touchée par des problèmes de gestion et de manque de fonds de roulement, a reporté les salaires, suspendu certaines opérations et accumulé les retards dans ses livraisons. Un des clients du chantier naval, Log-In, affirme que ses quatre commandes sont en retard et qu’il a dû louer des embarcations de substitution.
Brasil Supply rencontre le même problème: la livraison de quatre navires de soutien qui seront frétés par Brasil Supply à Petrobras devrait connaître un retard de deux ans. Ces quatre navires, qui devaient être livrés en 2015, font partie d’une commande de 17?embarcations contractées par Petrobras, pour une valeur totale de 700 millions de réaux (216 M€). « Notre expérience avec Eisa n’est pas bonne. Nous avons commencé ce contrat en 2011 et les quatre navires sont en retard », déplore Ricardo Braga, directeur des opérations de l’armateur. Ce dernier affirme que Brasil Supply étudie le transfert de la commande à un autre chantier naval brésilien, si les négociations avec Eisa, qui est en plein process de restructuration, ne sont pas favorables à la compagnie. Par ailleurs, Ricardo Braga a déclaré que Brasil Supply était en train de prospecter auprès d’armateurs étrangers pour l’achat de dix autres embarcations afin de les fréter à Petrobras. Selon le chantier naval, les choses devraient bientôt rentrer dans l’ordre, un emprunt de 120 M$ ayant été contracté auprès d’un fonds étranger. La holding Synergy, qui contrôle notamment Eisa, réfléchit néanmoins à se séparer de cette branche, et avoue être à la recherche d’associés ou d’investisseurs.
Cet épisode jette une ombre sur la réhabilitation de l’industrie navale brésilienne, stimulée par le gouvernement Lula, et dont l’exploitation du pré-sal constitue le principal moteur. Les chantiers navals brésiliens, qui sont tombés en désuétude au cours des années 1980 et 1990, ont connu une nouvelle jeunesse avec la politique de contenu national.