L’Afrique s’affiche comme le continent au taux de croissance le plus prometteur. Certes, l’économie continentale part de chiffres bien moindres que les autres mais les perspectives d’évolution démographique et le développement économique ont fait naître une classe moyenne importante. Pour alimenter la consommation du continent, la solution de hubs s’est fait jour depuis plusieurs années. Difficile de savoir qui va gagner la bataille. Seule la côte septentrionale de l’Afrique a déjà élu son hub avec Tanger Med. Quand DP World a pris le port algérien de Djen Djen, situé à 350 km d’Alger, il a eu pour ambition d’en faire un hub en Méditerranée, voulant profiter du passage de nombreux navires sur la route Europe-Asie au large de ses quais. Les problèmes politiques et l’économie algérienne n’ont pas réussi à hisser l’établissement à ce statut. Tanger Med reste seul en course. Il a d’ailleurs pris une position qui l’étend jusqu’en Afrique de l’Ouest.
Sur la côte occidentale de l’Afrique, le rôle de hub reste encore à déterminer. Plusieurs ports sont en compétition pour y accéder. Abidjan avec son futur Terminal à conteneurs 2, Dakar, Lomé et ses capacités nautiques naturelles ainsi que Pointe Noire se livrent une bataille quotidienne.
La Réunion s’invite dans la compétition
Sur la côte orientale de l’Afrique, le rôle de hub reste à définir. Si des ports émergent, à l’image de Durban, aucun n’a encore pris une position suffisamment importante pour se placer comme un hub. Durban connaît actuellement une congestion. Pour le Grand port maritime de La Réunion, le moment est venu de se placer dans cette bataille. La venue de François Hollande et de Rodolphe Saadé en août a lancé le projet de bâtir sur l’île un hub pour l’Afrique de l’Est. Maurice d’une part, Madagascar d’autre part, ne laisseront pas passer l’occasion. Tamatave a entamé des travaux et Port Louis, à Maurice, affiche des coûts salariaux bien inférieurs. Mais La Réunion s’organise en ayant acheté des portiques overpanamax et a commencé l’allongement de ses quais. Avec la présence des trois premiers armements mondiaux dans son port et des projets d’organisation plus rationnelle de ses quais, le port affiche clairement son ambition d’être une plate-forme pour les îles de la région du sud-ouest de l’océan Indien tout en allant jusqu’à toucher les pays d’Afrique de l’Est. Il reste que de la Tanzanie au Mozambique en passant par le Kenya, la mise en place d’un hub portuaire, quel qu’il soit, ne résoudra pas les barrières administratives et l’évacuation des conteneurs vers l’intérieur du continent depuis les ports de la côte. Néanmoins, le projet annoncé par CMA CGM a créé à la Pointe des Galets une nouvelle dynamique. Dans un premier temps, La Réunion pourrait accueillir 100 000 EVP supplémentaires, qui porterait son trafic à 300 000 EVP. Il ne doit pas ignorer que dans la région, des ports comme celui de Nqura ou de Djibouti ont des ambitions comparables.