Tous les ans, le cabinet de consultant américain Colliers analyse les trafics américains. Dans sa dernière édition publiée au mois d’août, il met l’accent sur la capacité des ports américains à s’impliquer dans la course lancée depuis le commencement des travaux d’agrandissement du canal de Panama. Baltimore, Mobile, Prince Rupert et Tacoma ont d’ores et déjà réalisé les travaux nécessaires pour entrer dans la cour des ports pouvant recevoir les navires post Panamax. Ils ont entrepris le dragage des chenaux d’accès et l’acquisition de portiques. « Un total de huit ports nord-américains sont aptes à recevoir des navires de dernière génération qui emprunteront le canal de Panama à partir de son ouverture. La côte Ouest dispose de cinq ports quand la côte Est et le golfe du Mexique en ont chacun deux. Le Canada ne possède qu’un port pouvant recevoir ces navires, Prince Rupert, quand, sur la côte Est, trois ports ont entrepris de s’investir lourdement dans cette bataille pour les deux à cinq ans à venir (Charleston, New York et Miami) », note le rapport de Colliers. Et le consultant insiste sur la nécessité d’éviter une concurrence trop ardue entre les ports nationaux. « Tous les ports nord-américains n’ont pas besoin d’être modelés selon les nouvelles normes techniques du canal de Panama. » Cependant, Colliers introduit en la matière un paramètre trafic. Il faut pouvoir accueillir des navires du nouveau gabarit Panamax selon les trafics: céréales, conteneurs ou conventionnel. Le point important pour les ports est donc d’investir dans le dragage pour permettre aux nouveaux navires Panamax d’y entrer.
D’un point de vue plus macroéconomique, les ports nord-américains ont enregistré en 2013 une croissance de trafic. Seuls New York, Montréal, Miami et Wilmington affichent une baisse de trafic sans que cela ne change l’ordre du classement. L’économie américaine est fortement dépendante du dynamisme des autres économies. Les pays émergents sont entrés dans une phase de limitation de leur inflation. Toute l’économie mondiale a adapté sa vitesse de croisière sur un mode de slow steaming. L’Amérique du Nord en a souffert.
Le renouvellement des accords sociaux
En Amérique du Nord, deux ports ont légèrement modifié le classement. D’une part sur la côte Ouest des États-Unis, le port de San Diego a quitté le classement. En perdant 3,4 % de son trafic, il passe sous la barre des 100 000 EVP. Sur la côte Est, le port texan de Freeport est entré dans le cercle des ports dont le trafic dépasse les 100 000 EVP. Avec une progression de 48,6 %, Freeport achève 2013 à 107 394 EVP. Il a profité du développement de l’industrie pétrolière au Texas. Il part de loin et trouvera sur sa route des ports concurrents comme Houston et Gulfport.
L’autre élément à surveiller de près sont les conditions de négociation avec les ouvriers dockers. Revenant tous les trois ou six ans, les partenaires sociaux se réunissent par côte (Est et Ouest). À l’est, l’accord a été signé dès juin 2013. À l’ouest, la situation est plus problématique. L’accord a expiré le 1er juillet et la partie patronale demande au président Obama d’intervenir pour nommer un médiateur. Pour certains, cela ne ferait qu’envenimer une situation tendue et pourrait déboucher sur un blackout, comme en 2002 lorsque les terminaux ont fermé. À quelques semaines de Noël, cela serait dramatique pour la fédération des distributeurs américains.