Après une période intense de trafic du temps des raffineries dans les années 1970-1980, les transferts fluviaux n’ont véritablement redémarré, sur le port de Bordeaux, que dans les années 2000. Aux trafics traditionnels de céréales depuis les îles estuariennes et ceux des huiles Lesieur entre Bacalan et Bassens, se sont ajoutés, à partir de 2004, le transfert des éléments volumineux de l’A380 et, depuis 2008, les flux de bicarburants entre Bassens et Ambès. « De 48 000 t de trafic fluvial en 2002, nous avons franchi en 2007 la barre des 100 000 t pour atteindre en 2013 notre record, les 137 000 t »
Les conteneurs en ligne de mire
Sur ces trafics existants, les perspectives d’évolution restent cependant timides: le transfert des éléments Airbus a atteint son rythme maximum de 37 avions par an et, prochainement, le trafic des huiles va prendre fin, Lesieur-Saipol déménageant son unité de production de Bacalan à Bassens. Difficile également de créer des pré ou post-acheminements fluviaux sur les produits phares du port que sont le pétrole ou les céréales, produits acheminés vers de multiples stations services ou coopératives peu accessibles par le fluvial.
Selon Thibaut Guillon, « le port doit donc surtout tabler sur de nouveaux trafics comme ceux notamment des conteneurs ». Dans le cadre de la création possible d’un terminal conteneurs unique sur le Verdon, la mise en place de navettes fluviales pourrait compléter cette nouvelle logistique. « Des touchers sur la côte charentaise permettraient d’éviter un vaste contournement routier par le Pont d’Aquitaine. Des liaisons peuvent aussi être envisagées sur Bassens ou Grattequina, proche de la zone industrielle de Blanquefort en pleine expansion. »
Des trafics sur Toulouse à l’étude
Depuis deux ans, une autre réflexion est à l’œuvre pour des trafics ciblés en amont du fleuve. Sur cette partie Bordeaux-Toulouse gérée par VNF, la difficulté est de taille: les tirants d’eau très faibles empêchent des trafics massifiés. Thibaut Guillon précise: « Avec VNF, nous étudions la viabilité de trafics ponctuels tels que celui de céréales pour pallier la pénurie de camions durant les derniers mois de l’année. Ces trafics fluviaux ne pourraient fonctionner en effet qu’en exploitant les faiblesses du routier. » De même en partenariat avec VNF, la CCI et la Communauté urbaine de Bordeaux, le port de Bordeaux planche sur de possibles navettes fluviales pour alimenter en granulats le chantier Euratlantique. Comme dans la région parisienne, la logistique urbaine pourrait constituer une autre piste de développement. « Sur la rive droite du fleuve de l’agglomération bordelaise, il y a encore des terrains pour faire de la logistique », indique encore Thibaut Guillon.
* Véritable report modal évitant le trajet routier entre Bassens et Ambés – et même depuis Pauillac en 2013 –, le trafic de biocarburants constitue aujourd’hui près de la moitié des tonnages fluviaux, suivi par les huiles de Lesieur-Saipol (54 000 t), le trafic Airbus (21 300 t) et les flux céréaliers (1 900 t).