C’est une médaille de bronze que Hambourg affiche fièrement. Avec 10 Mt de marchandises transbordées chaque année sur des bateaux de navigation intérieure, Hambourg s’est hissé au rang de troisième port fluvial allemand. Mais cette place sur le podium est en trompe-l’œil. Car sur les quais de la ville hanséatique, la part du fluvial reste anecdotique: seuls 2 % des conteneurs déchargés à Hambourg sont acheminés dans l’hinterland via l’Elbe. Un chiffre qui n’a pas évolué depuis plus de 10 ans.
Stocker dans les ports fluviaux voisins
Pourtant, au début des années 2000, le développement des liaisons fluviales était devenu la priorité numéro un des responsables du port. À l’époque, Hambourg connaît une croissance à deux chiffres, les volumes s’envolent et le site arrive à quasi saturation. L’objectif est alors d’utiliser les ports fluviaux voisins comme de vastes espaces de stockage supplémentaires. Le projet fait même figure de nécessité vitale, car les possibilités d’agrandissement à Hambourg sont extrêmement limitées. C’est alors que survient la crise de 2008: l’activité s’effondre. Le programme est rangé au fond d’un tiroir.
Aujourd’hui, alors que Hambourg a retrouvé ses niveaux d’avant la crise, le projet refait timidement surface. Selon certaines estimations, les trafics conteneurisés pourraient doubler à Hambourg d’ici 2030. « Nous avons besoin de la navigation fluviale pour accompagner ce développement », assure Franck Horch, le sénateur en charge de l’économie. Objectif: faire transiter 500 000 EVP par voie navigable à l’horizon 2020, contre 100 000 EVP aujourd’hui.
Hambourg vient ainsi d’aménager trois nouveaux espaces de transbordement dédiés exclusivement aux péniches. Une première. Jusqu’ici elles devaient « partager » les mêmes quais que les navires de mer et patienter de longues heures avant d’être prises en charge.
Mais il n’est pas sûr que cela suffise. Car l’Elbe a longtemps été négligée par les pouvoirs publics, rendant la navigation compliquée. De fait, le tirant d’eau serait de l’ordre de 130 m seulement, pendant 140 jours par an. Pour assurer un service régulier, il faudrait 160 m, tout au long de l’année. Problème: Berlin refuse pour l’heure de financer le chantier de désenvasement, l’estimant trop coûteux pour un axe qui n’est pas jugé prioritaire. Un « nein » qui désespère les élus locaux. « L’Elbe offre une liaison directe avec la République Tchèque. Hambourg est idéalement placé pour rallier l’Europe centrale par voie fluviale », rappellent ces derniers. Un potentiel pour l’heure encore largement sous-exploité, l’Elbe n’étant naviguée qu’à 15% de ses capacités.