« La congestion a conduit de nombreux ports maritimes à se concentrer sur leurs liaisons avec l’hinterland »

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): QUELLE EST LA SITUATION ÉCONOMIQUE DES PORTS INTÉRIEURS EN 2014 COMPARATIVEMENT AUX ANNÉES PRÉCÉDENTES?

HANS-PETER HADORN (H.-P.H.): En 2013 et 2014, une légère augmentation des volumes transportés par la navigation intérieure a été observée sur le Rhin comparativement à 2012. La situation demeure toutefois en retrait par rapport aux niveaux enregistrés avant la crise économique et financière de 2008. Le transport fluvial de conteneurs constitue toutefois une exception. Il a renoué avec la croissance et présente des résultats similaires à ceux d’avant 2008. Cette performance est le résultat d’une meilleure intégration de la navigation intérieure dans les chaînes logistiques multimodales.

JMM: QUELLE EST LA CONSÉQUENCE POUR LES PORTS INTÉRIEURS DE LA CONGESTION DANS CERTAINS PORTS MARITIMES?

H.-P.H.: La congestion a conduit de nombreux ports maritimes à se concentrer davantage sur leurs liaisons avec l’hinterland. Les ports intérieurs peuvent jouer un rôle important en agissant comme une passerelle. J’ai l’impression que la congestion des ports maritimes nous oblige à renforcer notre coopération mutuelle d’une manière très positive.

JMM: COMMENT LES PORTS INTÉRIEURS VONT-ILS S’ADAPTER À LA DIRECTIVE SUR LES CARBURANTS ALTERNATIFS QUI PRÉVOIT DES INSTALLATIONS DE SOUTAGE DE GNL À PARTIR DE 2030?

H.-P.H.: Un certain nombre de ports intérieurs coopèrent actuellement dans le cadre du projet LNG Masterplan en partenariat avec l’Union européenne. Il s’agit d’élaborer un plan de déploiement d’installations de soutage pour l’ensemble de la région Rhin-Danube.

JMM: QUEL PEUT-ÊTRE LE RÔLE DES PORTS INTÉRIEURS POUR CONTRIBUER À AMÉLIORER LES PERFORMANCES ENVIRONNEMENTALES DE LA NAVIGATION INTÉRIEURE?

H.-P.H.: Les ports intérieurs permettent de regrouper les flux de marchandises et de les transférer à des modes massifiés et respectueux de l’environnement, les transports ferroviaire et fluvial. Les émissions de CO2 du transport fluvial sont très faibles. Toutefois, les émissions sous forme de particules fines et d’oxyde d’azote (NOx) restent un défi pour la navigation intérieure. Compte tenu de la situation économique difficile du secteur, je pense qu’un soutien du public sera nécessaire pour aider à financer le « verdissement » de la flotte fluviale européenne.

JMM: LES PORTS INTÉRIEURS PARTICIPENT-ILS À DES PROJETS DE LOGISTIQUE URBAINE?

H.-P.H.: Un certain nombre de ports intérieurs ont commencé à développer des activités dans le domaine de la logistique urbaine. Cette filière semble avoir un potentiel de développement considérable. Toutefois, cela dépend aussi de la disponibilité de surfaces logistiques en centre-ville. De nombreux ports doivent résister à une forte pression les poussant à renoncer à ces surfaces pour permettre, par exemple, la construction de nouveaux logements.

JMM: LES OUTILS INFORMATIQUES CONSTITUENT-ILS UNE SOLUTION POUR MIEUX GÉRER LES FLUX DANS LES PORTS INTÉRIEURS?

H.-P.H.: Les systèmes informatiques intelligents participent à réduire les coûts administratifs et à optimiser les pics de capacité entre tous les acteurs concernés. Par conséquent, l’initiative de la Commission européenne qui conduit des travaux sur l’e-freight pourrait à terme apporter des améliorations importantes.

Promouvoir le rôle des ports intérieurs

À l’occasion de son assemblée générale annuelle, le 1er octobre, la Fédération européenne des ports intérieurs (Fépi) a élu Hans-Peter Hadorn, p.-d.g. de Port de la Suisse en tant que nouveau président. Il succède à Jean-Louis Jérôme, directeur du port de Strasbourg, qui occupait la fonction depuis 2012. Né en 1958, Hans-Peter Hadorn dirigeait depuis 2005 le port de Bâle, qui a fusionné avec d’autres ports en 2008 pour former Port de la Suisse. Depuis 1994, la Fépi rassemble plus de 200 ports intérieurs de 17 pays de l’Union européenne, plus la Suisse et l’Ukraine. Elle se présente comme « la voix des ports intérieurs en Europe pour promouvoir leur rôle », notamment auprès des institutions européennes. Dans le contexte de renouvellement de la Commission européenne, la Fépi a publié un dépliant rappelant plusieurs éléments nécessaires au développement des ports intérieurs dans les années à venir. Une de ces nécessités est la création de hubs multimodaux. Ils ont un rôle important à jouer en tant que points nodaux sur le réseau de transport européen. Aussi, sont-ils largement impliqués dans plusieurs projets pour améliorer les infrastructures. Les ports intérieurs sont souvent implantés au cœur des cités européennes auxquelles ils offrent des solutions logistiques innovantes pour le transport de marchandises au plus près du consommateur final. Les responsables des villes où se trouvent des ports intérieurs doivent prendre conscience de cet atout et réserver des surfaces disponibles pour les opérations portuaires et le transport fluvial. La navigation intérieure devant améliorer ses performances environnementales, les ports intérieurs participent à cet effort en travaillant à des projets privilégiant les carburants alternatifs comme le gaz naturel liquéfié (GNL). Enfin, pour être opérationnels, les ports intérieurs sont dépendants de la navigabilité des voies d’eau. La Fépi souligne que la maintenance de ces dernières relève des États membres de l’Union européenne et insiste sur la mauvaise volonté de certains d’entre eux concernant cette obligation.

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