L’écotaxe a été suspendue sine die, a annoncé la ministre en charge de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Ségolène Royal, le 8 octobre. De là à dire que ce report doit être une victoire pour un mode, le pas à franchir est trop grand. Les premiers bénéficiaires de cette suspension seront, à n’en pas douter, les transporteurs routiers étrangers qui utilisent les routes françaises. Par cette mesure, la ministre du Développement durable joue un drôle de jeu. Ségolène Royal ne fait pas le jeu du report modal vers les modes massifiés. Et pourtant, la réforme portuaire de 2008 institue un objectif de report modal d’au moins 20 % sur les modes massifiés. Outre le paiement des infrastructures par ceux qui l’utilisent et le fait d’appliquer le principe de pollueur-payeur, l’écotaxe aurait eu un effet mécanique en augmentant le prix des prestations routières. Elle aurait permis d’ajuster la compétitivité entre les modes et notamment pour le transport maritime à courte distance (TMCD). Le report de l’écotaxe est un second coup de poignard dans le dos du maritime: le précédent gouvernement avait déclaré qu’il ferait tout pour un report de l’annexe VI de Marpol en Manche et mer du Nord, ce qu’il n’a pas obtenu de la Commission européenne; les armateurs anticipent l’application au 1er janvier de ces nouvelles règles; Brittany Ferries jette l’éponge sur la propulsion au GNL; DFDS prévoit d’arrêter des lignes. Les dommages collatéraux de cette décision se déclinent avant tout sur les modes massifiés que sont le fluvial, le ferroviaire et le TMCD. Madame la Ministre, il paraît difficile de croire que vous souhaitiez toujours attacher le développement durable à votre portefeuille.
Édito
Fin de l’écotaxe: l’écologie taxée
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