Ports de Paris continue à développer ses capacités portuaires en Île-de-France

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« L’établissement Haropa développe et exploite un patrimoine de 66 ports en Île-de-France (IDF), soit près de 1 000 ha de terrains dont 850 ha sont aménagés. Ces 66 sites comprennent des plates-formes multimodales et des ports urbains », explique Antoine Berbain, directeur du développement de Ports de Paris. La plus importante plate-forme multimodale est celle de Gennevilliers (400 ha) suivie de Bonneuil (200 ha), de Limay (70 ha), de Bruyère-sur-Oise et de Montereau-Fault-Yonne. Elles se caractérisent par la présence de trois modes de transports: fleuve, fer, route. Elles disposent de terrains où s’installent des entreprises afin de développer leurs activités ou leurs process industriels tout en privilégiant la massification pour utiliser le fluvial et le ferroviaire. Les ports urbains constituent des sites de dimension plus réduite, généralement destinés à une agglomération ou à une zone d’activités. Ils permettent de réaliser des transferts route/voie d’eau. Ils n’offrent généralement pas de vaste terrain pour l’installation d’entreprises. Chaque année, sur l’ensemble des quais fluviaux d’Île de France, entre 21 Mt et 22 Mt de marchandises sont manutentionnées. Ce tonnage inclut celui des ports privés qui n’appartiennent pas au domaine de l’établissement mais sont dédiés à une entreprise installée en arrière d’un accès à la voie d’eau sur la Seine ou les canaux de la Ville de Paris. La filière la plus utilisatrice de la voie d’eau en IDF est celle du BTP avec une part de 55 % du tonnage total. Elle se caractérise par une logistique vertueuse et bien organisée pour l’approvisionnement en granulats, sables ou graviers des centrales à béton par la voie d’eau. Sachant que ces matières premières proviennent elles-mêmes souvent de carrières situées à proximité de la voie d’eau. Les produits valorisables constituent une autre filière importante avec 23 % des tonnages. Ce sont des déblais de chantier, des cartons, des journaux, des plastiques et des ferrailles qui sont massifiés sur les sites portuaires et échangés par la voie d’eau. Avec une part de 10 %, les céréales empruntent le fleuve pour l’approvisionnement des besoins de l’IDF et pour l’exportation par le GPMR. Les produits métallurgiques et le charbon sont aussi transportés par la voie d’eau.

Gennevilliers, un hub en Île-de-France

À la fin des années 1990, la filière conteneurs a émergé sur la Seine en lien avec le GPMH et Port 2000. Cette filière représente aujourd’hui 140 000 EVP, soit 8 % du tonnage total. La majorité est manutentionnée à Gennevilliers, qui fonctionne comme un hub en IDF, et certains autres terminaux secondaires. Ces derniers sont situés à Limay, Bruyère, Evry, Bonneuil et ont l’avantage de mailler le territoire francilien. Il y a aussi le terminal de la Bourdonnais dans le VIIe arrondissement de la capitale, utilisé pour la logistique urbaine des conteneurs de Franprix. La filière conteneurs a connu des taux de croissance à deux chiffres avant une inversion de tendance fin 2012 avec une baisse nette des trafics. « Cette rupture ne s’explique pas totalement si ce n’est par une forme de crainte en l’avenir des opérateurs de transport fluviaux liée à la pérennisation ou non de l’aide à la pince », avance Antoine Berbain. Le gouvernement a récemment annoncé que le montant de cette aide serait de 19 M€ par an en 2014, 2015 et 2016.

Des projets variés

L’établissement Ports de Paris entend étendre ses capacités portuaires en IDF et conduit pour cela plusieurs projets. Le plus important d’entre eux est Port Seine Métropole Ouest (PSMO), plate-forme multimodale de 100 ha située principalement sur la commune d’Achères, à la confluence de la Seine et de l’Oise sur un site d’exploitation de carrière en activité. « Là, nous envisageons de construire le port du Grand Paris, dans le cadre d’une logistique circulaire », explique Antoine Berbain. Les matériaux extraits des carrières de la plaine d’Achères serviront à construire les éléments du métro du Grand Paris ou seront transportés par voie fluviale jusqu’à des centrales à béton ou autres usines. En retour, les déblais du métro serviront à remblayer la carrière et à construire le port. Celui-ci pourra accueillir des entreprises liées à la filière BTP, profiter des ressources en granulats, sables ou graviers, utiliser les capacités logistiques fluviales et ferroviaires. « C’est un projet important pour Ports de Paris, indique Antoine Berbain. C’est la première fois que l’établissement participe à un débat public sur l’un de ces projets alors que nous n’y étions pas obligés car le montant d’investissement de 110 M€ est en dessous du seuil réglementaire. » Le débat public a commencé le 2 octobre et doit s’achever le 15 décembre. La commission particulière du débat public remettra son rapport en février 2015. Ports de Paris rendra sa décision de poursuivre ou non le projet PSMO au plus tard pour mai 2015. Si la réponse du maître d’ouvrage est positive, les travaux démarreraient en 2018 pour une livraison des premiers aménagements en 2020. Ports de Paris conduit aussi un projet de port urbain, baptisé Écoport, à Triel-sur-Seine. Il s’agit de soutenir le projet de l’agglomération des Deux Rives, de créer un « écopôle » dont l’objectif est de favoriser l’implantation d’entreprises spécialisées dans l’écoconstruction, utilisant des matériaux naturels comme le bois. Le démarrage des travaux pourrait intervenir courant 2015 ou 2016 pour une mise en service en 2018 ou 2020. « Tout dépendra du succès de cette nouvelle filière », précise Antoine Berbain. L’extension de la plate-forme de Limay est proposée dans le cadre du CPER 2014-2020 en cours de négociation. D’une surface actuelle de 70 ha, Limay n’a plus de disponibilité foncière. L’extension prévoit 30 ha supplémentaire au nord de la plate-forme.

Un projet de port urbain existe dans le quartier des Ardoines, sur la commune de Vitry-sur-Seine au sud-est de la capitale. Il est lié au projet de la Société du Grand Paris (SGP) de réalisation de la ligne 15 du métro. La SGP prévoit d’utiliser une partie des terrains situés au bord du fleuve en port provisoire pendant les travaux pour l’évacuation des déblais. À côté, Ports de Paris prévoit de construire un nouveau port pour répondre aux besoins des entreprises déjà présentes à proximité. Il s’agit d’Air Liquide qui souhaite utiliser la voie d’eau au plus près de son usine pour transporter des éléments de chaudronnerie jusqu’au Havre. Les colis exceptionnels sont actuellement transportés par la route jusqu’à Bonneuil où ils sont chargés sur une barge pour rallier Le Havre. Il y a aussi la société Stef qui souhaite développer sa logistique fluviale. Enfin, Ports de Paris poursuit son programme de rénovation des ports urbains situés dans Paris et en banlieue proche, à l’Est et à l’Ouest. L’objectif de ce programme est de mieux insérer les activités industrielles de ces ports urbains dans la ville. « Il s’agit de privilégier un usage partagé de ces sites pour affirmer leur vocation portuaire et les ouvrir le plus possible sur la ville et aux citoyens », relève Antoine Berbain. En dehors des heures d’exploitation, soit le soir et le week-end, le terre-plein et le bord à quai sont rendus aux piétons. La rénovation du port de Tolbiac dans le XIIIe arrondissement est achevée, celle de Port Victor dans le XVe et d’Issy-les-Moulineaux est en cours. Javel Bas (XVe) devrait suivre dans les deux ou trois ans à venir. « Ce programme de rénovation fait l’objet d’investissements élevés aussi bien de la part de Ports de Paris que des industriels concernés, poursuit Antoine Berbain. Les deux parties jouent leur rôle pour pérenniser les activités industrialo-portuaire, même en centre-ville. Sachant que ces dernières sont nécessaires là où elles sont installées pour la (re)construction de la ville elle-même. » L’avantage de ces ports urbains bord à voie d’eau et utilisant le fleuve pour le transport des matériaux nécessaires, notamment pour la fabrication du béton, est aussi d’éviter une logistique tout camion dans la ville pour cette activité.

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