Logistique urbaine: le fleuve a toujours innervé la capitale

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La logistique urbaine à Paris ne date pas d’aujourd’hui. Depuis plusieurs décennies, voire de siècles, les bateaux entrent dans la capitale pour desservir les marchés au plus proche. De la logistique urbaine, Paris en fait depuis toujours. Sans remonter aux origines, le port a vu dans sa structure un atout pour acheminer les matières premières au plus proche du consommateur par la voie fluviale. Depuis plusieurs années, Ports de Paris, intégré depuis dans Haropa, a créé tout au long de la Seine, dans la capitale, un réseau de ports pour réceptionner des cargaisons de sables, de graviers et de ciment pour l’industrie du BTP. Plus en anciennement, la Ville de Paris a été alimentée directement par bateau, comme les bouteilles pour la Halle aux vins de Bercy, lorsque celle-ci existait encore. Depuis sa création en 1970, le Port autonome de Paris a développé un réseau de ports pour réceptionner ces marchandises depuis Boulogne-Billancourt jusqu’aux sorties Est de la ville. Bien plus, le port de la capitale a été parmi les premiers a développer le concept d’évacuation des déblais des chantiers par voie fluviale dès les années 1990. Tous ces systèmes logistiques d’approvisionnement et d’expédition se sont renforcés au cours des dernières années en se développant sur de nouvelles filières.

Une charte pour la logistique urbaine

Le 18 septembre 2013, Alexis Rouque, président du directoire de Ports de Paris, a signé une charte pour le développement de la logistique urbaine. Selon les estimations, chaque semaine, ce sont environ 1,5 million de déplacements qui sont effectués pour des opérations de logistique dans la capitale. Cette charte prévoit de passer un nouveau cap dans « les bonnes pratiques des transports et des livraisons de marchandises dans Paris ». Pour atteindre les objectifs fixés, le document décline plusieurs projets: la création de nouveaux espaces logistiques dans les parkings, l’équipement de bornes de recharges électriques sur les aires de livraison ou encore la labellisation des livraisons silencieuses la nuit.

Plusieurs projets sont d’ores et déjà en place. Ainsi, Franprix développe depuis l’automne 2012 un système de livraison au plus proche des petits commerces parisiens. Appartenant au groupe Casino, Franprix livre sur le port de la Bourdonnais des produits alimentaires pour ses commerces de proximité. Le groupe de distribution s’est associé à Norbert Dentressangle qui gère les livraisons depuis le port fluvial jusque chez les commerçants. Un gain de 450 000 km routiers économisés par an, annonce le groupe Casino.

Une autre expérience a été tentée en mai 2012, la livraison par péniche puis par vélo électrique sur les derniers kilomètres. Lancée par Vert chez vous, une société qui appartient aux transports Labatut et Tendron, la solution logistique s’appuyait sur une livraison par péniche depuis les entrepôts de Pantin jusqu’aux ports de Paris. Les différentes marchandises étaient ensuite livrées par des vélos électriques jusqu’au destinataire. Un concept totalement nouveau qui n’a pas répondu aux exigences financières du métier. Les responsables des transports Labatut expliquent que « ce concept ne répond pas aux standards de productivité de la messagerie ». En septembre 2013, le service est suspendu sans pour autant être abandonné. En effet, si Vert chez vous continue d’assurer des livraisons avec des véhicules propres, la société travaille sur un système de transport multimodal pour une livraison urbaine.

La logistique urbaine par du fluvial et du ferroviaire mérite de remettre à plat de nombreux systèmes logistiques bien ancrés dans leur tradition. Les expériences, avec plus ou moins de réussite, n’empêchent pas le port de la capitale de continuer à œuvrer pour ce modèle. En modernisant le port du Gros Caillou et en créant un hôtel logistique (voir encadré ci-dessous), la logistique urbaine fluviale a un potentiel en région parisienne.

Un hôtel pour la logistique urbaine à Austerlitz

Ports de Paris conduit un projet emblématique pour la logistique urbaine au port d’Austerlitz, situé dans le XIIIe arrondissement au sud-est de la capitale. « L’idée est de grouper et dégrouper des marchandises dans un bâtiment situé au bord du fleuve », précise Antoine Berbain, directeur du développement de Ports de Paris. Pour réaliser cet hôtel logistique, l’établissement a conservé deux pavillons des anciens magasins généraux d’Austerlitz, construits en 1907 pour favoriser les échanges entre fer et fleuve. Ces locaux retrouveraient ainsi leur vocation historique en dotant à nouveau Paris d’une véritable logistique urbaine fluviale par la Seine. Il est prévu que les marchandises arrivent par la voie d’eau puis soient livrées à leur destination finale par des véhicules utilitaires légers éventuellement électriques. Un quai à usage partagé en amont des bâtiments complète l’offre de transport fluvial pour des opérations ponctuelles de chargement et déchargement de marchandises qui ne transiteraient pas par l’hôtel logistique. Annoncé depuis plusieurs années déjà, ce projet a pris du retard en raison de sa complexité, du nombre d’intervenants concernés et de la crise économique. « Ports de Paris conduit ce projet d’hôtel logistique en partenariat avec la Ville de Paris et la région Île-de-France, explique Antoine Berbain. C’est un projet complexe parce que novateur. Des entreprises ont exprimé leur intérêt pour utiliser cet outil logistique innovant. Nous souhaitons le voir aboutir dans les quatre ou cinq ans à venir. »

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