Dans la zone portuaire rouennaise, le secteur des céréales constitue le trafic prépondérant. Aujourd’hui, tous les silos portuaires réceptionnent des trains de céréales, mais dans l’ensemble, ils souhaiteraient pouvoir en accueillir davantage.
Gilles Kindelberger (Senalia) souligne que le réseau ferroviaire n’est pas partout en bon état et donc, requiert des travaux. « Aujourd’hui le réseau capillaire, celui constitué par de petites liaisons irriguant de nombreuses installations de collecte, est menacé de fermeture sur certaines lignes, en particulier dans la région Centre. De ce fait, l’utilisation du mode ferroviaire s’en trouve limitée. Une situation qui conduit les expéditeurs à se retourner vers le camion. »
Depuis le mois de juillet, plusieurs organismes stockeurs coopératifs, principalement Valfrance, Acolyance et Vivescia, et l’opérateur Ecorail, ont mis en place un service de navette ferroviaire pour des acheminements de céréales sur un axe Chalons-en-Champagne/Amiens/Rouen. « Chez Senalia, nous réceptionnons ainsi trois trains chaque semaine dans ce cadre. Cette navette acheminera ainsi 170 000 t de céréales par an. Cela devrait nous permettre d’atteindre 14 % pour les apports en mode ferroviaire (contre 8 % actuellement). Le dispositif fonctionne très bien, le train faisant l’objet d’une location à l’année, le système mis en place rend cette logistique compétitive. » Senalia pourrait même doubler cette navette à l’avenir.
Un demi-train quotidien
Membre du groupe Senalia, le terminal sucrier Robust est également utilisateur du mode ferroviaire pour ses approvisionnements. Pendant la campagne, la sucrerie d’Etrepagny expédie un demi-train quotidien vers le terminal. Il s’agit d’un parcours de 35 km réalisé sur une voie RFF qui nécessiterait des travaux. La crainte est évidemment que ces aménagements ne soient pas réalisés, ce qui conduirait à reporter les transports vers le camion une fois de plus.
Les autres silos rouennais sont également réceptionnaires de trains. Au groupe Soufflet, la part du ferroviaire est faible (environ 5 %). Frédéric Monchabon (directeur de Socomac Soufflet) souligne que le mode ferroviaire n’est pas assez réactif. « Développer le ferroviaire, c’est souhaitable », souligne-t-il, mais les expéditions maritimes ne peuvent pas toujours s’accommoder des dispositifs d’acheminement ferroviaire. Le directeur de Socomac Soufflet ajoute: « Nous avons la capacité de réceptionner trois trains par jour. »
Pour sa part, le silo Lecureur réceptionne environ deux à trois trains chaque semaine. Enfin, chez Simarex, un approvisionnement régulier par trains complets a démarré récemment. « Nous recevons actuellement un train par semaine », explique l’entreprise. Mais elle envisage d’accroître cette fréquence et passer à trois trains hebdomadaires, et même peut-être davantage à moyen terme.
Globalement, au cours des deux dernières campagnes d’exportation de céréales, la part du ferroviaire dans les pré-acheminements s’est située autour de 7 % à 8 %.