« Sous prétexte du contentieux européen, la direction a présenté un schéma d’exploitation avec 800 à 1 000 emplois supprimés, et aucune garantie pour le personnel restant », a déclaré à l’AFP Frédéric Alpozzo, représentant CGT des marins, dénonçant un gouvernement « qui se comporte comme un patron-voyou ».
« La direction a fait état de 750 à 800 suppressions d’emplois. C’est la première fois qu’elle avance un chiffre, même s’il ne s’agit que d’un projet, indépendamment de celui d’un éventuel repreneur. La direction, probablement sur consigne des actionnaires, s’était refusée jusqu’à présent à donner un tel chiffre, alors qu’elle l’avait certainement fixé dans ses projets. Il était temps que cela soit dit », a indiqué Maurice Perrin, représentant de la CFE-CGC, à l’issue de six heures de réunion syndicats-direction-actionnaires, autour du médiateur du gouvernement Gilles Bélier. « La direction doit aussi chiffrer le coût d’un tel projet, qui ne repose que sur des manipulations d’hypothèses », a mis en garde Maurice Perrin.
La SNCM compte 2 000 salariés, dont 400 CDD environ, parmi lesquels beaucoup le sont de manière régulière.
Aller « par la force » vers le redressement judiciaire
Selon Frédéric Alpozzo, les actionnaires ont fait planer la menace d’aller « par la force » vers le redressement judiciaire si la Caisse des dépôts (co-actionnaire avec Veolia de Transdev, actionnaire majoritaire de la société) retirait sa ligne de crédit à la compagnie. « Le médiateur, en introduction comme en conclusion de cette réunion, a constaté qu’il n’avait pas les moyens de sa mission si tout se décide chez Transdev », a déploré en écho Maurice Perrin.
La direction n’était pas joignable dans la soirée du 7 octobre tandis que le médiateur n’a pas souhaité s’exprimer à la sortie de la réunion.
L’option du redressement judiciaire est, au moins depuis le relevé de conclusions du 9 juillet, explicitement souhaité par Transdev et l’État qui estiment qu’elle est la seule solution pour s’affranchir des condamnations de Bruxelles. La Commission européenne demande à la France de se faire rembourser par la SNCM les deux fois 220 M€ d’aides indûment perçues. La moitié au titre des aides à la restructuration et à la privatisation, le solde pour celles concernant le service « complémentaire ». Concernant ces dernières, il est très probable que la France soit prochainement condamnée pour manquement à exécuter la décision de la Commission. Aucun des appels français n’était suspensif. Pour ces aides versées de 2007 à 2013, c’est la collectivité territoriale de Corse, structure concédante, qui doit mettre en œuvre les outils nécessaires au remboursement.
Une nouvelle et dernière réunion est programmée le 28 octobre, selon le relevé de conclusions signé par les syndicats, la SNCM et ses actionnaires. Devraient être alors présentés les résultats de l’étude exhaustive permettant de « parvenir à un projet industriel d’avenir ». À partir du 31 octobre, Transdev pourra demander le remboursement des comptes courants (117 M€).