Éolien offshore: les vents porteurs

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Après l’échec du projet d’extension à Donges-Est, les nouveaux marchés ouverts autour de l’éolien offshore sont tombés à pic, en termes d’image. L’autorité portuaire et les collectivités ont saisi l’occasion de battre pavillon vert sur les vents porteurs de la vertu environnementale. Pour autant, si ce développement se pare d’avantages tant économiques que symboliques, que peut représenter cette activité de construction de nacelles et de générateurs pour l’activité portuaire, en termes de tonnage, par exemple. Pales, tronçons de mâts, nacelles et turbines constituent des colis très encombrants dont le poids n’est pas le principal critère. Mais des colis de 200 t à 400 t feront travailler la place portuaire. Et il est possible qu’un navire soit requis pour seulement deux ou trois colis. Des mouvements qui concerneront aussi les lamaneurs, les remorqueurs, les pilotes, les consignataires, etc. « C’est un domaine d’activité nouveau pour les ports français, un flux supplémentaire qui générera de l’activité, donc intéressant pour toute la place portuaire, au-delà des seuls opérateurs qui seront choisis », note Johann Feltgen pour Sogebras. Première difficulté, anticiper les opérations sans savoir quelle sera la chaîne logistique retenue, sachant que les moyens portuaires existants n’assumeront qu’une petite partie de la manutention. « On peut imaginer une sous traitance totale de la chaîne logistique, ou un découpage, scindant les opérations de levage, de manutention, de transport terrestre. Et s’il faut louer les services d’un levageur, qui le fera: l’industriel, le consortium, le manutentionnaire, une société logistique? Fin 2014, on devrait y voir plus clair sur la chaîne logistique », ajoute Johann Feltgen. D’autant que les cotations de prix et les remises d’offres ont déjà été effectuées par les opérateurs portuaires consultés, contraints d’anticiper, de se projeter dans l’opérationnel sans savoir quelles missions pourraient véritablement leur revenir. Difficile de faire des choix d’investissement ou d’assurer des formations des personnels en amont. Les portuaires nantais ont regardé de près les antécédents logistiques en Allemagne et au Danemark, mais ces exemples montrent que plusieurs options ont été adoptées pour ces chaînes logistiques sur les quais, assumées d’un seul tenant ou confiées à plusieurs opérateurs, des ateliers des usines aux chantiers d’installation en mer. Mais pour les sociétés portuaires, pas question de faire la fine bouche, chaque champ d’éolienne devant leur accorder de deux à trois ans de travail. « Toutes les options de transfert des nacelles au navire, par roulage ou par levage avec une grue, sont actuellement à l’étude, selon chaque projet de champ à installer. Le premier est un projet américain, livrable début 2016. Ro-ro ou lo-lo, les solutions ne sont pas arrêtées, et on n’a donc pas choisi les prestataires », explique Stéphanie Grange à la communication d’Alstom.

Difficulté de taille

Il y a quand même une difficulté de taille. L’assemblage des éléments d’éoliennes ne peut se faire sur le terre-plein devant l’usine Alstom de Montoir. Parce qu’entre le quai et le large, il y a le pont de Saint-Nazaire et qu’une fois chargés, les navires de pose d’éoliennes accusent un tirant d’air trop important pour passer sous le tablier du pont qui n’admet que 61 m au-dessus des plus basses eaux. Il a fallu recréer une zone d’assemblage à Saint-Nazaire, avec la rupture de charge entre les deux sites, pas simple et forcément coûteuse. C’était le handicap du site dans la compétition avec Cherbourg.

Au lancement des travaux de l’usine, début 2013, Alstom, fournisseur exclusif du consortium mené par EDF Énergies nouvelles dans le cadre du premier appel d’offres français sur l’éolien offshore, a annonçé jeter les bases d’une filière industrielle française de près de 7 000 emplois à terme. Dont 300 à Saint-Nazaire, où les trois premières années de l’usine doivent produire une quarantaine d’exemplaires de l’Haliade 150, d’une puissance de 6 MW, la plus grande éolienne offshore au monde, 176 m de haut, 150 d’envergure, 1 500 t. Nacelles et alternateurs à aimants permanents de ces éoliennes seront construits sur place, à Montoir, les pâles et mâts étant réalisés à Cherbourg. Une première installation provisoire dans des locaux en location près des chantiers navals STX a permis de réaliser des pré-séries. La construction de l’usine de 21 000 m2 passera au stade industriel, en série, des génératrices et nacelles. L’unité doit entrer en service en début 2015 et produire dans la foulée les quelque 80 éoliennes prévues pour le parc offshore au large de Guérande. Soit plus de deux années de travail. Cinq éoliennes Haliade 150 doivent aussi être produites et livrées en 2016 aux États-Unis au leader américain de l’énergie offshore Deepwater Wind. L’usine de Montoir est dimensionnée pour produire une tête d’éolienne tous les deux jours. Soit une centaine de machines par an. Alstom prévoit aussi un centre d’ingénierie et de recherche et développement planchant sur l’éolien offshore, « premier et unique centre de ce type localisé sur le territoire national ». Deux cents emplois seraient créés à Nantes. Ce qui ancre en Basse-Loire un pôle voué au vent marin générateur d’électricité. Alstom et la place portuaire pensaient renforcer leur position en décrochant le marché du parc de 62 éoliennes de 8 MW entre Noirmoutier et l’île d’Yeu, mais il a été attribué en mai au concurrent, le consortium GDF-Suez-Areva. Une déception pour l’activité de l’usine Alstom à Montoir, mais pas pour le hub logistique à Saint-Nazaire qui profitera de toute façon des apports par la mer des composants, pales, mâts et générateurs, avant montage sur le terre-plein et acheminement en mer, à pied d’œuvre. « Ça peut juste complexifier l’organisation si les mises en service des deux champs se chevauchaient. La taille du hub ne laisse pas de place pour faire cohabiter deux consortiums en même temps. On espère juste que les deux installations se succéderont avec un bon timing », note Johann Feltgen.

Le chantier naval STX bénéficie aussi des marchés éoliens offshore. Il a livré en mai un immense transformateur, sous-station électrique de deux fois 1 500 t, au parc de 35 éoliennes au large de Hull dans le Yorshire anglais. Le chantier naval espère décrocher d’autres marchés qui lui permettraient de produire deux sous-stations ou vingt fondations d’éolienne (ou « jackets ») par an.

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